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U-006-097 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-006-097

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















- LE MONDE - 18 novembre 1976

LA VIE SOCIALE ET ÉCONOMIQUE
BILLET
" Tempête dans un baril "


Malgré la mise en garde américaine, le prix du pétrole brut devrait augmenter à la fin de l’année. Nul n’en doute plus. mais, comme l’a expliqué l’ambassadeur iranien aux États-Unis, cette hausse se situera quelque part entre les 5 % préconisés par l’ Arabie Saoudite et les 40 % réclamés par le Nigeria.


Cette " tempête dans un baril " selon la formule du quotidien algérien El Moudjahid, n’a pourtant pas été sans conséquence. Alors qu’il y a quelques semaines des chiffres de plus en plus forts étaient avancés par les experts pétroliers - une augmentation de 15 % étant alors considérée comme un minimum, - on voit apparaître des pronostics plus modérés. Ainsi l’ambassadeur d’ Arabie saoudite aux États-Unis peut-il affirmer que le prix du pétrole restera " très raisonnable " après la prochaine réunion de l’ OPEP, le 15 décembre au Qatar. Et en Iran même - pays jusqu’à présent virulent, - on précise désormais que les jeux sont loin d’être faits quant à l’ampleur de la hausse, et l’on ajoute que le pays aura une position " modérée ".


le débat de fond entre consommateurs et producteurs n’a cependant pas évolué. Les premiers continuent d’accuser les second de tous les maux dont souffrent les économies occidentales : inflation et désordres monétaires. Ce à quoi les pays membres de l’ OPEP ont beau jeu de répondre que l’inflation présentait au quadruplement du prix du pétrole en 1973 et que le système monétaire ms en place à Bretton-Woods était déjà vacillant. M. Zahedi, ambassadeur d’ Iran à >ashington, ajoute qu’une hausse ne devrait pas aggraver l’inflation mondiale. " L’impact du coût du pétrole sur l’inflation n’est que de 1,5 %, alors que certains pays industrialisés ont un taux d’inflation de 25 à 30 %. Le responsable n’est donc pas l’ Iran l’état des économies. "


Aussi les pays exportateurs de pétrole se jugent-ils d’abord les victimes de cette inflation. Les experts de l’ OPEP, actuellement réunis à Vienne, auraient estimé à 64,9 % la hausse des prix des produits importés d’ Occident depuis la dernière augmentation du pétrole, en octobre 1975. D’une manière plus imagée, l’ambassadeur saoudien à Washington se demande " combien d’ Américain savent-ils qu’un baril de pétrole est encore moins cher que ce que nous payons pour un baril de Pepsi-Cola ".


La tentation est donc grande d’indexer le prix du pétrole : " il est nécessaire d’augmenter les prix du " brut " de manière à préserver le pouvoir d’achat des revenus pétroliers ", a souligné le 16 novembre, le ministre des affaires étrangères koweïtien, cheikh Sabah Al Ahmad. Toujours vertueux, les pays industrialisés refusent un tel système notamment parce que " cela serait insupportable pour les pays sous-développés " . N’est ce pas faire peu de cas de l’avis de ces derniers ! leur solidarité avec les pays de l’ OPEP, dans le dialogue Nord-Sud montre bien qu’ils voient dans les hausses du prix du pétrole - quelles que soient les difficultés que cela provoque pour leurs économies - " la décision irrévocable de rendre plus dignes les conditions du commerce international ".


la défense par les pays industrialisés des plus défavorisés aurait sans doute plus de poids si le dialogue Nord-Sud était autre chose qu’un dialogue de sourds, ou le Neuf acceptent de faire de " petites concessions " pour éviter une hausse brutale du prix du pétrole.


BRUNO DETHOMAS.

A L’ ÉTRANGER
L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE S’ZST RALENTIE AUX ÉTATS-UNIS


Confirmant le ralentissement de l’activité économique aux États-Unis, l’indice de la production industrielle a baissé en octobre, pour le second mois consécutif. La baisse a été de 0,5 %. Le Conseil de la Réserve fédérale a déclaré que l’indice de septembre qu’elle avait initialement annoncé stable avait, en fait, accusé une baisse de 0,2 % par rapport à août. Le repli des deux derniers mois a été dû en partie aux grèves enregistrées dans la construction automobile ( Ford ) et la construction mécanique. Mais la Réserve fédérale a souligné que ces arrêts de travail ne sont intervenus que pour un tiers environ dans la baisse de l’indice en octobre.


Autre signe de difficulté conjoncturelle, le chômage technique s’étend à nouveau dans plusieurs secteurs : automobile. De grandes entreprise sidérurgiques viennent d’annoncer la fermeture provisoire de certaines usines ; Westinghouse à décidé de cesser momentanément de fabriquer des tubes pour téléviseurs Couleur à partir du 1er décembre.


Dans le secteur automobile, les fermetures d’usines ( American Motors, Chrysler, General Motors ) sont surtout liées à la mévente des voitures américaines de petite taille. les experts de Detroit commencent cependant à se demander si un certain tassement du marché de l’automobile n’est pas en train de se produire.

ÉNERGIE
POINT DE VUE


Le jeu de l’ Oie du pétrole


par MARC ULLMANN Journaliste


Tout le drame pétrolier tient en deux constats : il n’est pas vrai que le pétrole soit cher ; il est trop vrai que la plupart des pays n’ont pas de quo le payer. Cette contradiction justifie l’immense passion soulevée par la prochaine réunion de l’ OPEP le 15 décembre à Qatar.


Des nations comme l’ Algérie, l’ Indonésie, l’ Irak, l’ Iran ou le Venezuela ont besoin d’argent pour financer leurs plans de développement. Elles réclament une hausse du prix du pétrole leur permettant au moins de compenser - et, si possible, de surcompenser - la hausse du prix des machines qu’elles importent. Elles font valoir que les produits de synthèse de qualité comparable à celle du pétrole coûteraient, dans l’état actuel des techniques, environ 20 dollars le baril, alors que " l’or noir " se vend 11,50 dollars.


Les États-Unis se veulent porte-parole de l’autre camp. Ils disent tout haut ce que la plupart des pays consommateurs plus vulnérables pensent tout bas ou murmurent timidement : toute nouvelle hausse des hydrocarbures compromettrait la reprise encore fragile de l’économie ; elle rendrait insurmontables les difficultés de balances de paiements des nations les plus faibles et risquerait d’acculer certaine d’entre elles à la faillite.


L’ampleur de l’enjeu tient à l’énormité des sommes en cause. les ventes de pétrole représentent un chiffre d’affaires d’environ 500 milliards de francs par an. Un peu plus de la moitié est utilisée par les pays producteurs pour acheter des marchandises. Restent donc 200 milliards de francs, soit à peu près les deux tiers du budget de l’ État français ou, comparaison plus signifiante, la moitié des réserves en or et en devises de l’ Occident tout entier. Si cet argent n’était pas reprêté aux pays consommateurs, ils seraient insolvables au bout de deux ans.


Un gigantesque pouvoir


Ce gigantesque pouvoir est concentré entre les mains d’une poignée de pays : Arabie Saoudite, Koweït, émirats du golfe Persique et Libye. L’ Arabie, à elle seule, compte autant que tous les autres réunis. Elle accumule annuellement près de 125 milliards de francs. De quoi acheter la totalité des actions cotées à la Bourse de Paris. On ne peut lui en faire grief. Ce n’est pas de sa faute si ses besoins d’importations sont limités ; sa population ne compte que 7 millions de bédouins. le gouvernement saoudien peut même plaider qu’il ne produit autant de pétrole que par égard pour l’économie mondiale. S’il ne tenait qu’à lui, il préférerait conserver des gisements plutôt que des comptes en banques. La valeur serait plus sûre.


Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que les Saoudiens hésitent à prendre des risques avec leur argent. A l’exception de quelques prêts directs accordés à des pays sous-développés amis, ils mettent leurs avoir à l’abri de signatures respectées. Pour l’essentiel, ce sont les banques américaines qui accumulent les dépôts et accordent les crédits. On appelle cela le " recyclage des pétrodollars ".


En apparence, le système fonctionne à merveille. Mais il est bâti sur le sable de l’endettement de pays vulnérables. Un ancien ministre brésilien des finances avoue : " Mon pays ne fait rien d’autre qu’imprimer de la fausse monnaie pour financer son expansion. Il continuera tant qu’il y aura des gens pour accepter sa signature." C’est l’éternel problème de la boule de neige. M. Arthur Burns, président de la Banque fédérale de réserve des États-Unis, déclare : " On ne peut indéfiniment faire des dettes pour rembourser d’autres dettes. " Tout tient donc dans une négociation mondiale impliquant un partage des risques. Plus elle sera retardée et plus elle sera difficile.


En l’espèce, le monde industriel paie sa propre incurie. Ne parlons pas des année 1950-1973 où le prix du pétrole a artificiellement maintenu à moins de 2 dollars le baril, alors que l’inflation faisait quadrupler le prix des produits manufacturés. Parlons seulement de l’année dernière.


Ce fut l’époque du grand soulagement, de la divine surprise. L’ Occident industriel découvrait avec délices que, moyennant une récession, l’économie de marché avait absorbé le choc brutal occasionné par le rattrapage en un coup du retard accumulé en vingt-trois ans par le prix du pétrole. les pronostics les plus pessimistes devenaient faux. Ce n’était pas 650 milliards de dollars que les producteurs de pétrole accumuleraient d’ici à 1980 mais moins de la moitié. Dans l’euphorie du renversement de tendance, on oubliait que cette moitié représentait un fardeau insupportable pour de très nombreux pays.


Du coup, l’ Occident industriel, à commencer par les États-Unis, laisse passer, en 1975, la chance d’un accord Nord-Sud. Il ne profite pas de la baisse relative du pétrole, causée à la fois par la faiblesse de la demande mondiale et par l’effritement du dollar, pour proposer aux pays producteurs une indexation du prix des hydrocarbures en échange d’engagement à long terme de leurs revenus non dépensés.


Si ce compromis ( indexation contre placements à long terme ) avait été obtenu, l’économie mondiale se serait trouvée dans une situation de relance économique très supérieure à celle d’aujourd’hui. les pétrodollars, au lieu de constituer une masse d’argent quasi liquide, auraient pu être considérés comme une épargne mondiale d’un volume sans précédent susceptible d’être investie dans des équipements productifs. L’économie de marché aurait été stimulée par l’accident pétrolier, et la croissance, contrairement aux pronostics, aurait pu reprendre un élan de longue portée.


deux ans en arrière


Oui mais voilà, cela n’a pas été fait ! Et les circonstances, en cette fin de 1976, sont beaucoup moins favorables. D’abord parce que la consommation de pétrole a de nouveau augmenté, entraînant une pression sur les prix et mettant le producteurs en meilleure position que les consommateurs. Ensuite parce que le cours du dollar a remonté, et qu’il n’y a plus guère de garantie de change à offrir. Enfin parce que l’ Arabie Saoudite est moralement moins bien armée pour prêcher la modération aux autres membres arabes de l’ OPEP ; elle a commis le " pêché " de soutenir, au moins indirectement, les chrétiens du Liban.


Au jeu de l’oie du pétrole nous voilà donc revenus deux ans et plusieurs cases en arrière. Il ne pet y avoir de salut qu’à deux conditions. les pays producteurs doivent avoir la sagesse de renoncer à augmenter le prix des hydrocarbures en 1977 ou, à tout le moins, de limiter la hausse à 5 %. l’occident industriel, au lieu de prendre ce répit pour de la faiblesse, doit négocier un accord de longue durée dont profiteraient d’abord les pays les plus pauvres et les plus vulnérables.


Il appartiendra surtout au nouveau président des États-Unis de ne pas tomber dans les errements de son prédécesseur. Par calcul ou par insouciance, M. Gérald Ford a laissé son secrétaire du Trésor, M. William Simon, saboter en détail les propositions, que son secrétaire d’ État, M. Henry Kissinger, faisait en gros. Ces propositions, très semblables à celle avancées par M Giscard d’ Estaing dans un discours prononcé en 1975 devant l’ École polytechnique, auraient pu servir de base de négociation.


Si les différentes régions du monde ne tirent pas concrètement les conséquences de leur interdépendance, nous verrons chaque pays essayer de gonfler ses exportations et de réduire ses importations. Une récession profonde s’installera d’abord chez les plus faibles puis s’étendra peu à peu au monde entier avant de dégénérer en épreuve de force.


Il n’y a pas de moyen terme entre la catastrophe et un plan mondial. Entre le désarroi le plus total et une créativité internationale sans précédent.

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