atermoiements de Paris et cherchant à retrouver son prestige de héraut de l’Afrique, le président Sékou Touré passe à l’attaque. En août 1963, c’est-à-dire trois mois après la création de l’O.U.A., il qualifie publiquement l’Organisation des pays francophones, l’U.A.M., d’« instrument politique des diviseurs de l’Afrique ». Il en exige la dissolution.
Il semble avoir le droit pour lui. En effet, le président Houphouët-Boigny lui-même n’avait-il pas travaillé d’arrache-pied à la suppression des groupes rivaux de Casablanca et de Monrovia ? La création de l’O.U.A. n’avait-elle pas amené la suppression de ces deux groupes à caractère politique multilingue ? Pourquoi dans ces conditions préserver l’Union africaine et malgache francophone, groupe dont le caractère régional était rendu aléatoire par la présence de Madagascar ? Le leader guinéen a donc l’impression d’avoir été abusé.
L’hostilité du président Houphouët-Boigny envers son “frère” Sékou Touré reprend de plus belle. Il a besoin de l’U.A.M.  [9]. Il fait une ultime tentative pour amener “Sékou” à partager ses vues. Le 9 avril 1964, les présidents Sékou Touré, Modibo Keita, Hamani Diori et Maurice Yaméogo, tous anciens du R.D.A., se réunissent à Bouaké, ville de l’intérieur de la Côte d’Ivoire, avec le président Houphouët-Boigny. Le leader guinéen quittera le lendemain pour Conakry, laissant ses collègues continuer, à quatre, leurs discussions. Ce sera l’avant-dernière rencontre entre MM. Sékou Touré et Houphouët-Boigny. Il y en aura une ultime, à Monrovia, quatre mois plus tard, avant celle de Faranah, en juillet 1972.
Avril 1964 marque, à notre avis, la fin des tentatives de récupération de “Sékou”. N’ayant pu dompter le leader guinéen, le président Houphouët-Boigny s’acharnera désormais à le perdre, à l’éliminer de la scène africaine.
Tout comme pour l’affrontement ivoiro-ghanéen, le problème du pouvoir au Congo-Léopoldville va multiplier les heurts et engager l’épreuve de force. Le mardi 24 novembre 1964, des appareils américains larguent des parachutistes belges sur Stanleyville afin de sauver, selon la version officielle, les otages européens, mais aussi - et peut-être surtout - pour réduire la rébellion, et renforcer le pouvoir branlant des autorités de Léopoldville.
Horoya, organe du parti démocratique de Guinée, se déchaîne contre l’intervention armée des “impérialistes belges” à

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