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D-035 - NOTES - Classeur D - Fonds d'archives Baulin

D-035

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.















16.10.69

PARIS - OUTRE - MER


La coopération est une constante de la politique française. Il n’empêche que le budget de la Coopération, distinct, cette année encore, du budget des Affaires étrangères, est caractérisé par deux abattements importants. La dotation du F.A.C. est réduite de plus de 9 millions pour le personnel technique, c’est-à-dire que quatre à cinq cents agents français verront leur poste supprimé.Diminution également des dépenses en capital : la dotation du F.A.C. passe de 314.600.000 francs à 283.000.000. Que serait-ce si, comme on nous le dit, Pompidou n’avait arbitré en faveur de Bourges contre Caban-Delmas et Giscard d’Estaing ? Plusieurs parlementaires, qui ne passent pas pour des anticartiéristes notoires, ont l’intention de manifester leur surprise. Broglie, l’an dernier, avait tiré le signal d’alarme, disant avec raison qu’au-delà d’un certain seuil les opérations envisagées deviennent inutiles et sont assurées de leur insuccès. Dans son rapport, l’U.D.R. Voisin souligne que le total des crédits de la Rue Monsieur se situe "au dessous du montant des crédits que l’on pouvait considérer comme rythme de croisière, soit, en gros, 350.000.000 frs". Ainsi, le F.A.C. risque désormais de limiter son action à des opérations uniquement agricoles. Cet effacement fait la part belle au F.E.D. qui récolte le bénéfice moral d’interventions multilatérales auxquelles la France participe pour sa quote-part. Crédit de paiement : 282.650.000 f. contre 340.100.000 pour l’exercice 69. Voisin conclut en regrettant que la France soit obligée de limiter son aide. Momentanément, note-t-il, En fait, les crédits de la coopération s’amenuisent chaque année. C’est évidemment une politique. Alors, il faut savoir ce que l’on veut. Alors, il ne faut pas reprocher à nos partenaires africains de chercher ailleurs ce que nous refusons de leur donner. Alors, il faut leur être reconnaissants de ne pas s’adresser, par pudeur, à certains pays européens, mais, par exemple, au Canada, au nom de la francophonie, cette francophonie qui n’aurait pu être une grande chose pour peu que l’on eut voulu s’en donner la peine. En vérité, Paris n’a plus de politique africaine, plus de politique de coopération. C’est très dommage. Il ne s’agit pas de préserver une chasse gardée, mais, à tout le moins, de conserver notre rang plutôt que de nous effacer, par complexe, devant Allemands et Italiens qui, sans supporter nos charges, s’implantent en Afrique et y prospèrent. Inviter nos partenaires européens à contribuer au développement de nos anciennes possessions se conçoit. La France ne peut tout faire seule. Cela, c’est une politique. Dans l’Europe à faire, la France apportait son Afrique. Et les Africains en étaient d’accord. Aujourd’hui, nous supportons tous les inconvénients sans recueillir le moindre avantage. C’est finalement contre la France que se fera la francophonie tant nous aurons lassé, par notre inconséquence, nos meilleurs amis. Certes, on pourrait répliquer à cela que le secteur public français se devrait de prendre sa part de responsabilités. C’est vrai. Encore faudrait-il que celle-ci s’inscrivit dans un plan d’ensemble. Or, depuis le départ de Triboulet les choses sont en l’état, c’est une politique à la petite semaine qui se pratique,une politique alarmante que certains députés, tels de Broglie, Plantier et Stirn se proposent de dénoncer. Paris avait une carte magnifique à jouer au Congo-Kinshasa. La visite de Mobutu avait ouvert d’assez large perspectives. Bruxelles a vigoureusement réagi. Et, comme nous n’avons rien à proposer, pas plus au Congo qu’au Canada, la place est prise par d’autres, qui découvrent qu’après tout l’Afrique vaut la peine que l’on s’intéresse à elle. Surtout au moment où Russes et Chinois tendent à s’y conduire comme en pays conquis. Conséquence : c’est le président de l’Assemblée du Niger qui déclare : "La France est un pays que nous aimons, que nous chérissons, mais il y a des moments ou ce qui est bon pour la France ne l’est pas pour nous, et notre devoir, dans la mesure où nous ne pouvons coopérer avec ce pays ami est de coopérer avec d’autres ; il ne faut pas que l’on nous empêche d’aller vers d’autres amis". En clair, non seulement nous n’avons pas de politique de coopération, mais nombre de nos coopérants sont contestataires. La moitié de nos jeunes gens coopérants en Afrique sont déçus. Parce qu’ils ont débarqué dans ces pays sans la moindre préparation, sans la moindre formation, sans aucune connaissance du pays dans lequel ils servent. Leurs collègues américains du Corps arrivent en pratiquant au moins une langue vernaculaire. Et avec des objectifs bien précis. Cela, certains parlementaires n’ont pas pu ne pas s’en rendre compte au cours de leurs "missions" en Afrique. Souhaitons qu’ils aient le courage de l’exprimer, le moment venu, du haut de la tribune. Il y va davantage de notre prestige : de notre présence et de nos intérêts en même temps que de ceux de nos amis Africains.


Diori Hamani se voit reprocher son séjour au Canada. Alfred Raoul sera sans doute l’objet d’attentions particulières. Ne revient-il pas "émerveillé de Pékin ?

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peine à réunir, dans toutes les grandes villes du pays, deux mille, trois mille, quinze mille et même beaucoup plus de manifestants. Serait-il raisonnable d’en déduire que la grande majorité des Français veut s’aligner sur l’URSS ?


Nixon exposera sa politique vietnamienne au peuple américain, le 3 novembre. Auparavant, le 31 octobre, il lui parlera de sa politique dans les pays de l’Amérique latine et, cette semaine, de l’inflation. Sur sa politique au Proche-Orient il reste encore très discret et c’est compréhensible du fait que la situation dans cette région est, une fois de plus, l’objet de conversations entre Washington et Moscou. Des conversations qui "ne vont pas fort" d’ailleurs, mais qui ne se sont pas rompues pour autant. La situation intérieure fort précaire de Nasser ne facilite pas les choses et explique l’espèce de coup fourré qu’a été l’idée lancée à Washington par le ministre des Affaires Étrangères de la RAD - idéo qui a été aussitôt dénaturée au Caire - d’une négociation israélo-arabe sur le style de celle de Rhodes, avec l’intermédiaire de Jarring, délégué des Nations Unies. Le plan n’est pas abandonné puisque Washington demande aujourd’hui des explications sur les contradictions constatées dans la position égyptienne, mais il est fort compromis. Les israéliens tiennent d’ailleurs en réserve un autre plan - militaire celui-là - qui consiterait à effectuer un raid en profondeur en débarquant, comme il a été déjà fait, dans le golfe de Suez et en remontant vers le Nord, provoquant ainsi la chute du gouvernement Nasser et l’écroulement de toute résistance en Egypte. Washington prodigue toutefois des conseils de modération, dans la crainte d’une intervention directe de la flotte soviétique, mais le plan israélien du mouvement tournant reste valable, et Deyan s’emploie à garder ouverte la "porte" du golfe de Suez. En même temps, d’ailleurs, il surveille le Liban, en pleine évolution politique, et intervient durement contre les palestiniens.


Vous savez en effet que, depuis des mois, le Liban est sans gouvernement. Or, on parle actuellement de la création d’un cabinet extra-parlementaire, composé d’éléments nouveaux pouvant provenir des Universités, des milieux d’affaires ou de l’administration. Constitutionnellement, le Premier ministre serait un musulman sunnite, et l’on a avancé le nom de Hossein Oucni. Il semble cependant peu probable que ce politicien de carrière puisse envisager de conduire une formation gouvernementale qui devra assumer, tôt ou tard, la tâche de neutraliser les à laquelle Washington tient tant. Mais on parie progressiste, poussé à la fois par les Russes et par Nasser, et qui pourrait jouer le rôle de Kerenski ou de Bénès. Cependant, Kamal Joumblatt a toujours été considéré comme un original, et l’on se souvient encore, dans certain milieux, comment ce bon musulman alla autrefois à Paris avec l’intention de se faire jésuite. Nos bons Pères eurent, paraît-il, grand mal à l’en dissuader. Alors, les Américains, qui ont parfois le goût du paradoxe, ne répugneront peut-être pas à jouer Jumblatt. D’autant qu’ils sont maîtres dans l’art de service de renseignement - dans l’art de "retourner" les


Enfin, je dirai un mot de l’incident canadien. Vous savez que Idpkowacki a visité le Québec sans se rendre à Ottawa. C’est un peu comme ai un ministre britannique - pardon, un sous-ministre pour respecter la hiérarchie et garder l’analogie - comme si un sous ministre britannique vennait en visite officielle s’entretenir avec des personnalités normandes en mal d’autonomie - s’il y en avait - en négligeant de passer par Paris. Et les propos de Idpkowalci n’ont pas été particulièrement prudents. Alors le Premier ministre canadien vient de faire une déclaration dans laquelle il le prend à partie, ce qui n’a guère d’importance, mais en même temps, et c’est plus grave, il semble le considérer comme un véritable représentant de la France et incliner à rendre celle-ci responsable de ses écarts de langage. Et cependant, il dit : "Nous pensons qu’il n’est ni un ministre important, ni une personne importante". Alors, qu’il reste sur cette impression, car c’est la bonne. Qu’il sache que Lipkowalci est seul à se prendre au sérieux et à se croire diplomate, depuis le jour où le Maroc, dans l’affaire Bon Arafa, il trahit la confiance de son patron de l’époque, le général Boyer de La Tour, pour s’acquérir la reconnaissance des milieux progressistes français.


paul dohène

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