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U-003-304 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-304

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- LE MONDE - 23 juillet 1977 . . .

SCIENCES


LA COOPÉRATION EUROPÉENNES SUR LA FUSION THERMONUCLÉAIRE


Ultimes manoeuvres autour du JET


Les neuf pays de la communauté européenne parviendront-ils bientôt à se mettre d’accord sur le projet JET ( Joint European Torus ), qui doit permettre la construction d’un grand appareil l’étude de la fusion contrôlée (- tokamak -) permettant par confinement de plasma ? Le dossier qui est en discussion depuis 1975, marque le pas depuis plus d’un an ; illustrant de façon éclatante les difficultés de la C.E.E. à mettre sur pied des actions communes d’envergure. MM. Schmidt et Giscard d’ Estaing ont brièvement évoqué cette question au cours de leur rencontre du mardi 19 juillet. Elle sera, une nouvelle fois, à l’ordre du jour du conseil des ministres de affaires étrangères des Neuf, qui doit avoir lieu au début de la semaine prochaine.


Le projet de construction par la Communauté européenne d’un grand "tokamak" est apparu vers 1973. Deux ans plus tard, ses grandes lignes étaient bien établies. Mais depuis 1975, malgré des négociations incessantes entre les partenaires, peu de progrès ont été accomplis.


Les discussions achoppent jusqu’à présent sur deux points. La forme d’organisation du projet et le site sur lequel il sera réalisé. Sur le premier problème, les trois " grands " parmi les Neuf ( Grande Bretagne, Allemagne et France) s’opposent aux " petits ". Les officiels français notamment, expliquent qu’ils tiennent à ce que le JET bénéficie d’une véritable direction capable de gérer sainement une telle entreprise, non soumise à des règles de vote qui donneraient trop de poids aux petits pays ou à la Commission des Communautés européennes. Les six autres pays, bien sûr, ne l’entendent pas ainsi, et M. Guido Brunner, commissaire de la C.E.E. chargé des questions de recherche, défend un point de vue voisin.


Une fausse candidature


Le problème du site, pour sa part, n’oppose plus aujourd’hui que deux pays, l’Allemagne, qui propose Garching, près de Munich et le Royaume-Uni qui avance sur l’échiquier son centre de recherche de Culham, dans le sud du pays, où une équipe d’ Euratom, dirigée par un Français, M. Paul Rebut, travaille déjà à définir les étapes de la construction du JET.


La France donnait jusqu’ici l’impression de jouer un jeu curieux : officiellement le site de Cadarache était proposé : en fat, on expliquait discrètement qu’il ne s’agissait que d’une fausse candidature, utilisé uniquement comme moyen de pression pour obtenir l’essentiel, c’est-à-dire une bonne organisation.


La position française semble aujourd’hui évoluer : M. Sourdille, secrétaire d’ État à la recherche, reconnait dorénavant ce que M. d’ Ornano, chargé du dossier dans le précédent gouvernement, n’expliquait qu’en privé : le JET ne sera jamais construit à Cadarache, ce site ayant d’ailleurs été clairement écarté par tous les autres pays. Et le secrétaire d’ État de dénoncer maintenant haut et fort le chauvinisme des deux autres " grands " européen, qui semblent faire du choix du site une question d’orgueil national.


Après M. Brunner, qui clamait à la fin de 1976 que le projet était à l’agonie, c’est M. Sourdille qui cherche aujourd’hui à donner l’alarme. Pour lui, il est urgent d’en finir rapidement. Trop attendre, selon le secrétaire d’ État, serait condamner le projet.


A vrai dire, les scientifiques estiment que, si urgence il y a, elle ne vient pas tant du vieillissement du projet et de la concurrence des États-Unis et de L’ Union soviétique qui travaillent activement - mais non sans difficultés - à des recherches sur la fusion similaires à celles que permettrait le JET : elle tient surtout au fait que l’équipe de l’ EURATOM, installée à Culham ronge son frein, faute de décision, et risque même de voir ses effectifs fondre peu à peu. Un chercheur de cette équipe nous confiait il y a quelques mois que, dans les congrès internationaux sur la fusion, certaines équipes américaines faisaient comprendre de façon à peine voilée aux chercheurs de Culham qu’elles seraient enchantées d’accueillir des spécialistes d’une telle valeur...


Les critiques proprement scientifiques envers le projet européen ne manquent tout de même pas. Selon certains, mieux vaudrait, au lieu de construire un très gros tokamak de conception relativement classique, à hautes performances, mais peu spécialisé, s’attacher à travailler tel ou tel aspect plus spécifique de la question, à l’aide d’instruments plus modestes permettant des travaux plus fondamentaux et plus fins. Par exemple, les spécialistes sont aujourd’hui convaincus qu’il sera nécessaire, si l’on veut un jour parvenir à de réactions de fusion exploitables, de servir pour confiner le plasma d’aimants utilisant des matériaux supraconducteurs à la place d’aimants classiques. Dans un " tokamak ’, on porte à très haute température (plusieurs millions de degrés) un gaz ionisé (plasma) en le maintenant à distances des parois de la cavité en forme de tore qui le reçoit (en la " confinant "), grâce à d’importants champs magnétiques produits par des aimants. Les matériaux supraconducteurs ont la priorité, quand ils sont portés à très basse température, d’opposer une résistance quasi nulle au passage d’un courant électrique. Des aimants supraconducteurs permettent donc d’atteindre plus facilement des intensités et des champs magnétiques importants. On commence à bien dominer cette technique d’aimants supraconducteurs pour créer des champs magnétiques constants, comme dans les " chambres à bulles " utilisées par les physiciens pour étudier les particules élémentaires. Mais beaucoup reste à faire avant qu’on soit capable de bien les maîtriser pour les champs magnétiques variables qu’utilisent le tokamaks.


M. Sourdille, rencontrant au début de la semaine son homologue allemand, M. Matthöfer, lui a justement rappelé qu’existait dans les cartons du Commissariat à l’énergie atomique (C.E.A.) un projet de tokamak ( Tore ll) susceptible d’être équipé d’aimants supraconducteurs ( on l’appellerait alors Tore-Supra). Il s’agit d’un instrument plus moderne que le JET, mais pour lequel la France aimerait bien obtenir de la C.E.E. comme elle l’avait fait pour le tokamak de Fontenay-au-Roses, une participation financière de 46 %. Toutes recherches sur la fusion dans les États membres entrent dans le cadre d’ "associations" entre EURATOM et les organismes intéressés de chacun des États membres. La C.E.E. finance 24 % des dépenses courantes (fonctionnement, personnel), et peut apporter une contribution de 45 % à certains investissements lourds.


Pour certains le rappel par la France de l’existence de ce projet serait une sorte d’ultimatum : si les Neuf ne peuvent se mettre d’accord sur le JET, il existe des projets de rechange... Telle n’est pas la position de l’ Allemagne, quia fait savoir mercredi que le projet français Tore-Supra " n’est pas conçu pour remplacer " le JET.


Si l’on en croit cependant certaines informations qui circulent dans les milieux communautaires à Bruxelles, les choses n’iraient pas si mal que cela. Alors que, fin mars, un tour de table des Neuf avait fait apparaître une légère préférences en faveur du choix de Garching comme site du JET, certains affirment aujourd’hui que les chances de Culham seraient nettement en hausse et, même, que le conseil des ministres des affaires étrangères de la semaine prochaine pourrait être l’occasion de l’annonce officielle du choix du site anglais. Certains vont même plus loin, laissant entendre que c’est l’ensemble du projet - site et organisation - qui pourrait être adopté : construit à Culham, le JET serait - équilibre oblige - confié à une direction scientifique franco-allemande ; les Allemands pourraient même recevoir l’assurance que les étapes suivantes des recherches communautaires sur la fusion seraient particulièrement favorables à Garching ; les " petits pays ", quant à eux, accepteraient que l’organisation soit conforme aux voeux des " grands ", la Communauté n’exerçant qu’un contrôle " léger ".


Un tel scénario est peut-être imaginable. Il peut être aussi le fruit de nouvelles, sinon d’ultimes manoeuvres, à l’image de celles qui se sont succédé depuis trois ans : n’a-t-on pas été jusqu’à proposer de donner satisfaction aux Anglais sur Culham, en leur demandant en contrepartie des concessions sur d’autres problèmes totalement différents, tel celui des contributions financières des États membres au budget communautaire ?


XAVIER WEEGER

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