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U-004-009-001 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-004-009-001

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.



















TRENTE ET UNIÈME ANNÉE - N°9082


32 PAGES
DERNIÈRE ÉDITION



JEUDI 28 MARS 1974



AU SÉNÉGAL
M.Mamadou Dia
ancien président du conseil
et les prisonniers politiques
sont libérés

(Lire page 5.)

Le Monde


Fondateur : Hubert Beuve-Méry
Directeur : Jacques Fauvet






AVEC LE DÉPART DE M.MAURER
le remaniement en Roumanie
renforce encore la position
de M.Ceausescu



De notre correspondant


Vienne. - Le plénum au comité central du parti communiste roumain, réuni les lundi 25 et mardi 26 mars, a pris de très importantes décisions concernant la composition et la structure des organes du parti. Il a décidé de proposer le remplacement de M.Ion Maurer par M.Manea Manescu au poste de président du conseil des ministres. En même temps, il a arrêté la création d’une présidence de la République, qui sera confiée à M.Nicolas Ceausescu, ce dernier demeurant à la tête du Conseil d’Etat, considéré jusqu’à maintenant comme une sorte de présidence de la République collégiale. Ce remaniement aura en tout cas pour résultat de consolider la position de M.Ceausescu à la tête du parti et de l’Etat.


M.  Verdetz quitte le poste de premier vice-président du conseil pour devenir secrétaire du Comité central et président du Conseil économique. C’est, pour ce protégé de M.Ceausescu, âgé de quarante-huit ans seulement, une incontestable promotion, M. Miron Constantinescu, quant à lui, perd les postes de vice-président du Conseil économique, où il avait succédé à M.Manea Manescu en novembre 1972 et devient président de la Grande Assemblée nationale. Le titulaire jusqu’ici de ces fonctions, M.Stefan Voïtec, un vétéran du Mouvement ouvrier roumain, âgé de soixante-treize ans, devient vice-président du Conseil d’Etat.


Notons encore que M.Emil Draganescu quitte le ministère des transports, où il est remplacé par M.Trajan Dudas, pour prendre la direction du Comité du plan. Enfin, et surtout, M.Virgil Trofin perd toutes ses fonctions de vice-président du conseil, de ministre du commerce intérieur et de président du conseil de l’approvisionnement et des services à la population pour rentrer "dans les rangs du parti".


BERNARD MARGUERITTE.


(Lire la suite page 3. 1ère col.)


Le pouvoir absolu


Le remaniement auquel vient de procéder, à Bucarest, M.Nicolas Ceausescu est sans conteste le plus important bouleversement subi par les instances dirigeantes du parti et de l’Etat roumains depuis l’accession du premier secrétaire au pouvoir en 1965. Non seulement disparaît de la scène le chef du gouvernement, M. Ion Gheorghe Msurer, personnalité apparemment inamovible et figure presque légendaire, mais la direction des plus hautes autorités économiques - Comité du plan, Conseil économique - est affectée par les changements annoncés : les organes suprêmes du parti vont être restructurés, le présidium étant remplacé par un "bureau permanent".


A ses fonctions de secrétaire général du parti, de président du conseil de défense, de président du conseil supérieur pour le développement socio-économique.
M.Ceausescu a aussi décidé d’adjoindre celles de président de la République. Comme pour bien des réformes intervenues ces dernières années en Roumanie, le sens de cette innovation n’apparaît pas très clairement à première vue, puisque l’existence du Conseil d’Etat, qui jouait jusqu’à maintenant le rôle d’une présidence de la République collégiale, est maintenue. Cette décision témoigne en tout cas de la volonté du "numéro un" roumain d’exercer plus que jamais sans partage les responsabilités du pouvoir.


Tel est assurément le sens premier et le plus évident des mutations de personnel voulues par le secrétaire général. Sorte de patriarche de la politique roumaine, M.Maurer, qui dirigeait le gouvernement depuis 1961, avait fini par s’inquiéter de l’appétit apparemment insatiable du chef du parti. Se considérant comme inattaquable du fait de son passé prestigieux et du soutien souvent décisif qu’il avait apporté autrefois à M.Ceausescu. Il n’avait pas hésité ces dernières années à critiquer plus ou moins discrètement la gestion de son protégé d’antan.


Avant la conférence du parti de 1972, M.Maurer était allé jusqu’à exprimer sa désapprobation à l’égard du rythme, beaucoup trop soutenu à son sens, adopté pour le plan de développement économique. Le slogan "Réalisons le plan quinquennal en quatre ans et demi" avait traduit à l’époque l’effort exigé de ses concitoyens par M.Ceausescu. Le chef du gouvernement souhaitait, pour sa part, que l’on mit davantage l’accent sur la qualité que sur la quantité, et qu’on se préoccupât avant tout d’un développement harmonieux du pays.


En désignant M.Manea Manescu pour succéder à M.Maurrer, le chef du parti s’est débarrassé d’un tuteur devenu trop encombrant, et s’est acquis un collaborateur à la loyauté, semble-t-il, indéfectible. Plus que jamais il va pouvoir régner en maître absolu sur la Roumanie, perpétuant un style de gouvernement passé de mode dans la plupart des autres pays socialistes. Formé surtout de techniciens et de fidèles, le secrétariat du parti, qui a été remanié un nombre incalculable de fois depuis le dixième congrès, en 1969, va être, encore plus que par le passé, à sa dévotion. Mais cette cohésion plus grande suffira-t-elle à insuffler à la population la confiance et le dynamisme nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par M.Ceausescu et poursuivre dans les meilleures conditions sa politique d’indépendance ?






LE DIFFÉREND TRANSATLANTIQUE
M. Nixon réaffirme sa prétention
à "conduire le monde libre"



Le président Nixon, revendiquant à nouveau un "traitement équitable" pour les produits américains, notamment agricoles, a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de diriger le "monde libre".


Selon l’A.F.P., M.Nixon, qui s’adressait, mardi 26 mars à Washington, à des directeurs de journaux agricoles, n’a pas employé le "ton sévère" qu’il avait utilisé le 13 mars à Chicago pour mettre en garde les Européens contre toute "attitude hostile" aux Etats-Unis. Il a cependant assuré que depuis les guerres mondiales et leurs conséquences sur des pays comme la Grande-Bretagne et la France, "il n’existe pas d’autre pays" que les Etats-Unis ayant une puissance suffisante pour "conduire le monde libre". "Seule la direction (leadership) de l’Amérique - je répète : la direction de l’Amérique - peut préserver la cause de la paix", a dit M.Nixon, pas seulement la paix "entre les super-puissances, mais dans toutes les régions du monde, notamment au Proche-Orient".


Les demandes aressantes des Etats-Unis pour obtenir un droit de codécision dans les affaires européennes sont au coeur des pourparlers en cours entre les Neuf et entre ceux-ci et les Etats-Unis.
M.Kissinger en a parlé à Bonn dimanche, en route pour Moscou, et en reparlera à Londres à son retour.
Les propositions faites à ce sujet par les dirigeants ouest-allemands sont jugées "raisonnables" par M.Callaghan, ministre des affaires étrangères britanniques, a déclaré mardi son porte-parole.


De quoi s’agit-il ? Les décisions de l’Europe des Neuf sont actuellement prises dans deux cadres distincts :


1) Dans le domaine (essentiellement économique) défini par le traité de Rome par les institutions de la Communauté ;


2) Dans tous les autres domaines par accord intergouvernemental, dans le cadre de la coopération politique des Neuf.


Selon les propositions allemandes, les Américains ne devraient avoir voix au chapitre qu’au sein de cette coopération intergouvernementale. Depuis un an, celle-ci s’est beaucoup améliorée entre Européens. Les directeurs politiques des ministères des affaires étrangères forment un "comité politique" qui se réunit fréquemment. Les neuf ministères sont reliés par un système de télétype simultané qui permet immédiatement des échanges de vues en commun sans passer par les ambassades. En plus de leurs réunions mensuelles en conseil des ministres de la Communauté, les ministres confèrent ensemble au moins tous les trimestres. Enfin, depuis le "sommet" de Copenhague, les chefs d’Etat et de gouvernement doivent, en principe, se rencontrer tous les six mois.


Le ministre ouest-allemand des affaires étrangères, M.Scheel, président en exercice du conseil des Neuf, a proposé à M.Kissinge que, si les Européens - à un niveau qui, semble-t-il, n’est pas précisé - abordent des questions affectant "les intérêts légitimes des Etats-Unis", ceux-ci seraient associés aux consultations avant que les décisions définitives soient prises.


A Paris, on ne se refuse pas, par principe, à consulter Washington.
Les Neuf, fait-on remarquer, ont toujours été d’accord pour consulter d’autres puissances - et pas seulement les Etats-Unis - intéressées à leurs décisions.


MAURICE DELARUE.


(Lire la suite page 2 3 COL.)


L’AFGHANISTAN : une République qui cherche sa voie


I. - Une transition difficile


De notre envoyé spécial
GÉRARD VIRATELLE


Kaboul. - Existe-t-il au monde une jeune République mieux protégée ? Le nouveau régime afghan, qui a succédé à la monarchie le 17 juillet 1973, s’est réfugié dans une bastille.
Le siège de la présidence, l’ancien palais du roi Zaher Chah, a un nom évocateur : la Maison fleurie (guikana). Mais il se situe au fond d’une forteresse contemporaine, à tours massives et remparts à créneaux, à l’intérieur de laquelle est déployé en permanence un impressionnant arsenal : plusieurs dizaines de chars sous bâches, des canons à la queue-leu-leu, des fantassins aux aguets dans le vent glacé de l’Hindou-kouch. Est-ce pour avoir l’oeil sur une partie des forces armées et se prémunir contre toute tentative de contrecoup d’Etat, après en avoir déjoué deux en six mois, que M.Mohamed Daoud les a placées ainsi sous sa coupe ? Pourtant, le nouveau maître de l’Afghanistan donne moins l’impression d’être un dictateur sur le qui-vive qu’un paisible chef d’Etat.


Il est en tout cas la personnalité politique qui bénéficie de la plus large popularité : dans l’armée, c’est un nationaliste pachtoun (afghan) intransigeant et la majorité des militaires sont des Pachtouns : dans les grandes familles afghanes, dont il n’a pas pour le moment lèse les intérêts : parmi la petite classe moyenne et la jeunesse politisée, pour lesquelles il fait figure de réformateur libéral.


Daoud c’est donc le réformateur, le bâtisseur, le garant de l’unité nationale, mais aussi l’artisan du rapprochement entre l’Afghanistan et l’U.R.S.S. Noble, certes, mais menant une vie simple, il souhaite sincèrement, assure-t-on encore, favoriser l’évolution sociale dans ce pays arrière et même fédéral. Aussi travailleur que l’ancien roi était dilettante c’est aussi un homme d’Etat à poigne, volontiers autoritaire, passionné par l’exercice du pouvoir et rompu aux subtilités et aux intrigues de la politique afghane, où s’enchevêtrent les facteurs ethniques tribaux et sociaux.


(Lire la suite page 5. 3 COL)






AU CONSEIL DES MINISTRES
Trois directions de la police et la D.S.T.
changeraient de titulaires



Le conseil des ministres, qui siège ordinairement dans la matinée, devait se réunir mercredi après-midi M Jacques Chirac, ministre de l’intérieur, devait y présenter une nouvelle série de mesures destinées à compléter le mouvement administratif commencé au conseil du vendredi 15 mars (le Monde daté des 16 et 17-18 mars). Sous réserve que le temps soit suffisant pour examiner ces propositions et que celles-ci soient approuvées, elles devraient viser d’abord les quatre titulaires des directions "actives" du ministère de l’intérieur.


M.Jacques Solier, qui prendrait la direction des affaires politiques Place Beauvau, serait remplacé à la tête de la police judiciaire par M.Maurice Bouvier, jusqu’à présent directeur de la P.J. à la préfecture de police de Paris. M.Eugène Camata, sous-préfet, directeur central des renseignements généraux, pourrait remplacer, à Lille, le préfet délégué pour la police, M.Henry-Jean Manière : M.Biard, directeur de la D.S.T. serait nommé préfet hors cadre, et M.Abadie, sous-préfet, quitterait la direction de la sécurité publique. Ces trois postes seraient attribués à des préfets, comme c’était l’usage avant l’arrivée de M.Raymond Marcellin.


Au cours du même conseil des ministres pourraient être pourvus les postes vacants de secrétaire général du préfet de la région parisienne et de préfet de la région Midi-Pyrénées, à Toulouse.


Compte tenu des postes à fournir aux "partants" et des vides créés par le changement d’affectation de leurs remplaçants, c’est au moins une douzaine de postes de préfets qui seraient mis en cause par ce mouvement.


Sous bénéfice d’inventaire


On ne peut plus douter que M.Jacques Chirac ait préparé de longue main son arrivée place Beauvau. La mise à l’écart, le 15 mars, de M.Jacques Lenoir, directeur général de la police nationale, l’avait déjà donné à penser : les mesures qui devraient être annoncées au conseil des ministres de ce mercredi 27 mars le confirment.


Eliminer d’un coup, et après trois semaines seulement à la tête du ministère de l’intérieur même si les "structures" ne doivent pas être changées, les directeurs de la police judiciaire (M.Jacques Solier), de la surveillance du territoire (M.henry Biard), des renseignements généraux (M.Eugène Camata) et de la sécurité publique (M.Georges Abadie) - même si les trois derniers sont nommés à des postes plus honorifiques, encore que moins riches de pouvoir - en dit long sur les projets que préparait M.Chirac avant d’être nommé à un poste qu’il disait, en privé, le surlendemain de sa désignation n’avoir ni désiré ni sollicité.


Les "gaffes" implicites et successives de certains titulaires déchus ont sans doute concouru à leur perte, seul M.Jacques Solier paraissant nettement promu, MM.Camata (renseignements généraux) et Biard (D.S.T.) ont laissé se répandre une "espionnite" que l’affaire du Canard enchaîné n’a évidemment pas contribué à apaiser. Quel Français ne s’est pas inquiété d’être écouté, suivi, épié fiché dans sa vie privée ou même professionnelle ?


M.Chirac entend que son ministère soit moins "policier", sinon plus "politique" (le Monde du 17-18 mars). La nouvelle attitude des policiers lors des manifestations va dans ce sens. Si, jusqu’alors, les récits de témoins, professionnels ou non, journalistes ou badauds, avaient surtout porté sur la vigueur des interventions, les observateurs constatent, pour s’en étonner et s’en réjouir, que tout a changé sans que l’ordre public en soit affecté.


Le Comité d’action des prisonnier (CAP) manifeste, samedi 23 mars devant le ministère de la justice : les policiers sont là, sans casque ni matraque, en petit nombre - du moins pour l’appareil visible - et la manifestation, ses participants ayant crié ce qu’ils croyaient légitime, prend fin sans dommage pour quiconque.


Lundi, quelques militants des "comités Chili" envahissent une annexe du ministère de l’économie et des finances, puis la quittent sans heurts, faute sans doute d’avoir trouvé un adversaire.
Même jeu, place de la Bastille, quelques heures plus tard, trois mille personnes étant rassemblées.


PHILIPPE BOUCHER.


(Lire la suite page 12 1 COL)


AU JOUR LE JOUR GAIS VAUTOURS


La cote de M.messmer est comme le moral des Français. Elle est basse et elle baisse.
A en croire les derniers sondages, 76% d’entre eux sont plongés dans un spleen vertigineux et craignent que les lendemains qu’on nous promet de plus en plus timidement ne chantent de plus en plus faux.


En revanche, 12% de citoyens demeurent optimistes et ont montre d’une santé psychique à toute épreuve. Il peut s’agir de doux naïfs ou d’inconscients charmants qui pensent que tout ne va pas si mal, que les gens ne sont pas si méchants, qu’il sera toujours bien assez tôt pour se ronger les ongles et que la presse du coeur nous apprend depuis longtemps que tout n’est pas rose et qu’on peut croire au Père Noël, à défaut de croire au Bon Dieu.


Mais enfin, dans la mesure où les prix augmentent, la situation se dégrade et le cafard s’amplifie, tandis que certaines cotes personnelles montent à l’approche d’un désastre encore mal discerné, on peut se demander plutôt si certains ne sont pas conscients que le malheur des autres leur profite.


En cherchant alors pourquoi 12% sont optimistes, on découvrirait peut-être pourquoi 76% ne le sont pas.


BERNARD CHAPUIS.

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