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U-003-148 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-148

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.




















... LE MONDE - 2 août 1977 - Page 5


Les réactions dans les milieux politiques, écologiques et syndicaux


LE PARTI RÉPUBLICAIN : l’hypocrisie des partis de l’opposition.


M. Dominique Bussereau, secrétaire du bureau politique du P.R. a déclaré : " Le parti républicain regrette les violences qui ont marqué la manifestation de Creys-Malville, et dénonce les agissements de certains groupuscules extrémistes qui en sont à l’origine. Il regrette enfin que les partis politiques de l’opposition n’adoptent pas une attitude claire face à de telles manifestations, et que leur hypocrisie serve de paravent aux extrémistes de tous bords."


LE PARTI COMMUNISTE : le refus de tout débat démocratique.


M. Paul Rochas, secrétaire fédéral de l’Isère, membre du comité central du P.C.F., a déclaré : "Les manifestations de Malville auront surtout permis de créer des incidents violents qui ont fait plusieurs victimes, d’entretenir un climat de tension dont le pouvoir se satisfait."


" Tous ceux qui, légitimement, sont préoccupés par la politique du tout nucléaire du pouvoir, ne peuvent se laisser prendre dans un tel engrenage. Manifestement, le pouvoir a manoeuvré. Non seulement il n’a pas essayé d’éviter les incidents, mais, bien plus, il a préconisé la manière forte.
Cette attitude est tout à fait cohérente avec son refus de tout débat démocratique sur sa politique nucléaire."



"Nous condamnons à nouveau les actes de violence de groupes organisés de France et d’autres pays, agissant et se couvrant derrière des mots d’ordre antinucléaires."


M. HINTERMANN (Fédération des socialistes démocrales) : deux sécurités à concilier.


"L’extrémisme d’une minorité de manifestants, et la froideur bureaucratique des autorités qui ont manqué de calme, sont également responsables de la mort d’un homme à l’occasion d’une manifestation antinucléaire. L’intérêt de la France, qui est de conquérir le maximum d’indépendance énergétique, doit aller de pair avec la nécessité pour les Français d’être informés sur tous les aspects du programme nucléaire, qui n’a pas fait l’objet d’un véritable débat parlementaire. Sur le fond, il faut concilier la sécurité grâce au nucléaire et la sécurité du nucléaire."



LA LIGUE COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE : la plus puissante manifestation internationaliste.


" Ce n’est pas en ressuscitant la peur xénophobe des "anarchis-Les allemands" que le ministre de l’intérieur dénaturera ce qui a été sans doute la plus puissante manifestation internationaliste contre la fuite en avant nucléaire du gouvernement, de l’E.D.F., et des groupes privés ".
(...)" Toutes les organisations ouvrières et démocratiques quelles qu’aient été leurs divergences sur cette question ne peuvent éluder une riposte large, unitaire et nationale. La vérité doit être faite sur les responsabilités gouvernementales dans la répression."



LA FÉDÉRATION ANARCHISTE : pour une remise en cause globale de la société.


" Le programme nucléaire n’est que le moyen nécessaire à la continuité du système d’exploitation de l’homme par l’homme. La remise en cause de ce programme, même pour des buts écologiques, est en réalité une remise en cause globale, politique et économique, de notre société de ses moyens et de ses buts, qui ne peut être acceptée ou tolérée par les défenseurs de cette société qu’ils soient au pouvoir ou non ?" Dans cette perspective la Fédération anarchiste "s’associe à la lutte antinucléaire".


LES COMITÉS MALVILLE : solidarité avec tous les manifestants.


La coordination des "comités Malville" déclare "avoir mésestimé l’hostilité du préfet de l’Isère", qu’elle accuse d’avoir "créé samedi un climat frisant le racisme".


La coordination affirme qu’au cours des heurts de Faverges "il n’y a jamais eu de contacts directs au corps à corps avec les forces de l’ordre" et que "tous les manifestants blessés furent atteints par des grenades".


Affirmant sa solidarité "avec tous les manifestants, quelles que soient leur apparence politique, leur nationalité et leur méthode d’action", la coordination dénonce l’attitude des pouvoirs publics qui, selon elle, "rend cruellement actuel le slogan : société nucléaire, société meurtrière, société policière."


M.BRICE LALONDE (les Amis de la terre) : d’ahurissantes déclarations xénophobes.


"Je tiens à exprimer mon indignation et mon inquiétude à la suite du comportement des autorités. Le préfet a totalement manqué de sang-froid. (...) Il a les manifestants dans un piège en supprimant les barrages autour d’une zone qu’il prétendait interdire. (...) Il s’est permis d’ahurissantes déclarations xénophobes. Il a exposé une version inexacte des faits. (...) J’espère que le Parlement enquêtera sur ce drame. Je souhaite vivement que ce pays soit assez démocratique pour révoquer des cow-boys de ce genre et je salue les cinquante mille marcheurs non violents."


LA C.F.D.T. : l’affrontement a été recherché.


" La C.F.D.T. n’a pas participé à la marche du 31 juillet. Elle ne voulait pas prendre le risque des affrontements inévitables résultant de l’attitude agressive des pouvoirs publics, de la présence assurée de provocateurs, ainsi que des mots d’ordre et de la tactique choisis par certains manifestants."


" Des milliers de policiers sont intervenus contre les manifestants et ont utilisé leurs armes. L’affrontement a donc été recherché. Voilà où mène l’obstination du pouvoir, qui refuse l’information et le débat et persiste dans la poursuite d’un programme nucléaire inacceptable."


M. BERGERON (F.O.) : l’industrie nucléaire est un service public.


"Nous redoutons que la manifestation tourne mal. C’est pourquoi le bureau confédéral avait conseillé aux militants de F.O. de l’Isère de ne pas y participer. Le droit de manifester est inséparable de la démocratie, mais de plus en plus se posera le problème de la capacité des organisateurs d’empêcher les débordements du genre de ceux qui sont à l’origine des graves incidents d’hier."


" L’industrie nucléaire n’est pas une industrie comme les autres. Les incertitudes de l’atome imposent un effort accru de recherche scientifique et ses dangers interdisent que son emploi soit assujetti au profit capitaliste et à la rentabilité budgétaire. Elle est l’affaire de tous et doit être considérée comme un "service public placé en entier sous le contrôle de la puissance publique."


Les commentaires de la presse parisienne


LE PARISIEN LIBERE : écologie, oui : violence, non.


" Ces groupes armés de barres de fer, casqués, venus pour la plupart d’Allemagne, agissant au nom de l’écologie ? Qui pourrait le croire ? Ces centrales nucléaires, c’est maintenant irréversible, doivent s’insérer dans la nature en respectant les sites et le biotope. Il ne peut y avoir recours à la violence pour crier une telle évidence."


L’AURORE : pauvres belles âmes !


" Ils ont donc gagné, ceux qui cherchent, de toutes les manières et sur tous les terrains, à déchaîner l’affrontement, à déclencher les conflits fratricides d’où doit sortir, selon eux, tout armée, la société nouvelle, ces exploiteurs de l’idéal et de la crédulité qui ne sont pas moins redoutables ni condamnables que les exploiteurs du travail et de la misère. Ils ont leur mort, comme il le souhaitaient."


"... Les doux écologistes, les militants pacifiques du grand rassemblement de Creys-Malville... croyaient que la journée d’hier marquerait le point culminant de l’été antinucléaire ; ce sera pour eux désormais un dimanche noir."


"...Pauvres belle âmes, pauvres apprentis sorciers, ils ont payé très cher le fruit de leur inexpérience ! "


(DOMINIQUE JAMET.)


LE FIGARO : une tactique révolutionnaire ?


" De braves gens (il n’y a pas plus de raisons de mettre en doute leur bonne foi que leur naïveté), (...) sont aussitôt débordés par des activistes, dont on apprend avec un certain étonnement que les plus violents arrivent d’Allemagne. (...) On voit bien qu’il ne s’agit plus ici d’écologie, mais de politique, et de la plus détestable : celle qui consiste à dématurer un mouvement de foule pour envoyer des nonviolents à l’assaut et des pacifistes à l’hôpital."


"Si c’est une tactique révolutionnaire, on peut prédire une chos à ceux qui l’ont mise au point : ils feront peut-être encore bien des victimes, mais ils ne feront jamais la révolution."


(ANDRE FROSSARD.)


LE MATIN : un pari dangereux.


"Au lieu de garder plusieurs "fers au feu", comme le font les Etats-Unis, la France s’est lancée avec frénésie dans une politique nucléaire "tous azimuts", négligeant les richesses du soleil et de la géothermie, porteurs d’énergies qui détermineront notre véritable indépendance économique de demain."


" Aujourd’hui, cette fuite en avant a incité le gouvernement à mettre en oeuvre la seconde génération des centrales nucléaires, celle des surrégénérateurs utilisant le plutonium comme combustible."



" Le choix de cette filière est un saut dans l’inconnu car aucun pays ne maîtrise encore complètement cette technique. Si le prototype de Creys-Malville fonctionnait un jour, un point de non-retour serait atteint. Super-Phénix, c’est l’augmentation considérable des risques de dissémination de l’arme nucléaire, c’est l’accroissement du danger de pollution chimique par le plutonium, c’est le risque d’accidents nucléaires ou de pollution radioactive aux conséquences irréparables. Creys-Malville, c’est la naissance d’un gigantisme industriel qui ne correspond pas aux besoins de la société. C’est un pari dangereux."


"Il faut arrêter la construction de la centrale nucléaire de Creus-Malville."


L’HUMANITE : provocation.


" Le problème atomique est grave. En France, comme dans l’ensemble des pays capitalistes où le profit est roi, il suscite l’émoi, l’opposition croissante des populations."


" Le gouvernement répond par le jeu de la provocation comme à Malville par la mobilisation policière et l’état de siège. Or le choix n’est pas entre la précipitation autoritaire insensée du pouvoir et le relais atomique."


" Exiger que la population et ses élus aient accès à tout le dossier, exiger que le respect des normes de sécurité renforcées soit démocratiquement contrôlé, s’opposer à la politique atomique autoritaire du pouvoir, tout cela est indispensable et exige un développement de l’action : mais conclure au refus de toute utilisation de l’énergie atomique est dangereux.
(...)


(VINCENT LABEYRIE.)


LIBERATION : le gouvernement a voulu les affrontements.


"... Le gouvernement a voulu que ce rassemblement soit marqué par des affrontements. Il y a réussi. Mais il n’est pas certain que cela ne se retourne contre lui. A force de ne pas écouter ce qui travaille l’hexagone en profondeur, il retarde des échéances chaque jour plus importantes. Ce pays, que les débats politiques annulent, n’aura plus désormais d’autres moyens d’expression. C’est ainsi que l’on fabrique des explosions."


(SERGE JULY.)


ROUGE : une atmosphère de pogrom.


" En dépit de l’atmosphère de pogrom créée par les pouvoirs publics, ce rassemblement a été la première grande manifestation internationale contre le nucléaire en Europe. La réponse appropriée aux tenants de la folie nucléaire dans tous les pays de l’Europe capitaliste. La présence de milliers de manifestants étrangers, Allemands, Suisses, Italiens, Belges, Hollandais, témoigne de la force du mouvement international qui est en train de se lever, et qu’aucune répression n’arrêtera. C’est cela que ne pouvaient accepter les gens qui nous gouvernent.
Ceux qui, il y a un peu plus d’un demi-siècle, faisaient tirer sur les ouvriers qui manifestaient pour la journée de travail de huit heures."



A la télévision
DU DOUTE CARTÉSIEN


Curieuse conception de l’information à Antenne 2. Non pas que ce soit la seule chaîne à ne pas pratiquer systématiquement le doute cartésien, mais on ne peut écouter les trois chaînes en même temps, et, dimanche, les trente à quarante personnes qui étaient à Beaubourg devant le petit poste ont écouté à 20 heures le journal sur la deuxième. Ils apprirent qu’il y avait eu un mort à Malville, celui-ci avait auccombé à une crise cardiaque.


Il y eut remous dans le public, des remous cartésiens, des doutes émis tout haut, que n’émit pas le journaliste. Ses sources devaient être sûres. Des médecins ? On apprit pourtant par la suite que l’un d’eux avait demandé l’autopsie... Des manifestants alors ? Certains pourtant ont parlé de coups au ventre... La police ? Pourquoi ne pas citer ses sources ?


Puis le public apprit dans la foulée que les incidents de Malville avaient provoqué de nombreuses réactions. Le journaliste d’Antenne 2 donna le point de vue au ministre de l’intérieur. On attendit les autres, mais ce fut tout : le journal était terminé.
Le public décidément cartésien émit des réflexions "désobligeantes" sur la télévision.


CATHERINE HUMBLOT.

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