Récépissé d’un envoi recommandé

TAITBOUT 59-58
50-40

13, BOUL. HAUSSMANN
PARIS-IX ^e

LE DIRECTEUR

le 28 novembre 1968

jb/dh

S.E. Monsieur Hamani Diori
Président de la République
du Niger
Niamey

Monsieur le Président,

Hier soir, au téléphone, Mai, beaucoup moins enthousiaste qu’auparavant pour l’affaire du blé, m’a dit :

"L’affaire a été menée trop rapidement, tambour battant, les frais d’approche sont très élevés, et le risque est qu’il ne nous reste pas plus de 200 millions à la fin de l’opération" .

Je ne vous cache pas que j’en ai perdu le sommeil, me demandant si j’avais été "roulé". D’autant que j’avais travaillé en confiance avec nos amis du Canada parce que je les connais bien et qu’il n’est pas possible de croire que des personnalités d’envergure pourraient me jouer un sale tour, et tromper à la fois deux gouvernements, ceux de Niamey et d’Ottawa.

J’ai donc refait les calculs que j’ai communiqués, ce matin, à Mai. Les voici, sur la base du prix du blé tel que le montrent les statistiques de 1967 :

Prix du blé livré à Cotonou : 23 CFA le kg

Or, les 20. 000 tonnes de blé vont nous coûter (au port) :

200. 000 $ , soit 50. 000. 000 de CFA de fret
153. 000 $ , soit 38. 250. 000 CFA d’honoraires
353. 000 $, soit 88. 250. 000 CFA au total

Il convient de déduire de cette somme :

90. 000 $ , soit 22. 500. 000 CFA, ristourne sur le fret du gouvernement canadien.

Il en découle que :

Les 20. 000 tonnes de blé coûteront 263. 000 dollars, ou 65. 750. 000 CFA au Gouvernement nigérien, soit, pour les 20. 000. 000 de kgs, de 324. 200. 000 CFA.

Ce bénéfice net sera encore augmenté si le Niger, profitant de la saison arachidière, réussit à obtenir de bonnes conditions de transport entre Cotonou et Niamey.

En espérant ne pas m’être trompé dans mes calculs,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments dévoués.

Baulin

Ampl. M. Mai Maigana