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N-23B-187 - NOTES - Classeur N - Fonds d'archives Baulin

N-23B-187

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















Santiago, le 17 Avril 1972


Jean POISSON
Ambassadeur du Niger à Bruxelles
CNUCED SANTIAGO du CHILI


A M. le Président du NIGER
a/c du Ministre des Affaires Etrangères.


Pour informations


De passage à Paris pour Santiago du Chili, M. BAULIN a eu l’amabilité de me remettre pour information une copie du rapport JB/27 du 28 mars 1972 qu’il vous a fait parvenir après la mission que nous avons effectués en Pays Scandinaves sous la direction de M. Diallo ABDOULAYE, Commissaire Général au Développement.


Tout en rendant hommage à l’honnêteté intellectuelle de l’auteur de ce rapport, je voudrais cependant relever une erreur sur l’image qui ressort de moi dans ce rapport. Il est dit que je suis " moins enthousiaste et plus ou moins sceptique sur les possibilités d’accession du Niger au rang de pays de concentration de l’aide scandinave, surtout la Suède" . D’autre part, s’agissant de contact entre le PPNRDA et les partis scandinaves, il m’a été attribué l’expression qu’ on ne nous prend pas au sérieux" .


Ces deux idées, que j’ai hâte de confirmer , une fois dégagées de leur contexte, c’est à dire des longues explications que j’ai fournies à la suite de ce voyage présentent un tableau inexact ou incomplet de mes convictions intimes sur cette affaire.


Non


S’agissant en premier lieu de mon scepticisme de voir le Niger accorder à la liste des pays aidés par les pays scandinaves je rappelle que dans les trois pays nous avons posé la question suivante soit directement soit par voie détournée : "Quelles sont les chances du Niger d’accéder à la liste des pays bénéficiaires de votre aide directe ?" La réponse, invariable, exprimée avec plus ou moins de gêne, est la suivante : "Aucune". Les raisons sont connues pour être rappelées : Elles sont historiques , confessionnelles , linguistiques et politiques . Nous ne remplissons pour le moment aucun de ces critères. Il faut déployer une fortune d’imagination pour vaincre les plus importants, c’est à dire le critère politique. J’ai apprécié à sa juste valeur le mouvement qui tend à entrer dans le sanctuaire des sièges des progressistes scandinaves. Mais j’ai eu aussi à vous dire que c’est une arme à double tranchant. D’abord il faut remarquer que les partis sont sortis affaiblis des dernières élections. Ils gouvernent sans aucune majorité. Les partis du Centre et de la Droite connaissent un regain de popularité malgré toute l’action socialisante des gouvernements. Autre remarque : la révolution sociale est presque achevée ; les inégalités ont été réduites et le rôle de toute la politique scandinave se perd dans les problèmes


Non


Non
- Qu’est-ce-que cela peut nous faire ?


d’environnement avec un accent particulier sur le planning familial. Les scandinaves qui sont persuadés qu’ils sont les pionniers modernes dans la recherche du bonheur humain ont une conception très élevé de leur rôle international et de son exemplarité. Cela implique une large vue sur l’ensemble des problèmes intérieurs perdant de leur importance au bénéfice de ceux du monde extérieur. Cette baisse d’accuité des problèmes intérieurs provoque un relâchement des organisations politiques : les partis en sont les premières victimes. Sinon comment expliquer l’existence de gouvernements stables sans majorité.


C’est donc au moment où les partis sont en perte de vitesse et affectés par un manque d’intérêt certain que nous frappons à leur porte. Il est facile de comprendre l’accueil réservé à la lettre du Secrétaire Administratif du PPN-RDA. Ou bien les partis progressistes scandinaves ne nous accordent pas le label d’acceptabilité pour des raisons multiples (Nos pouvements sont trop jeunes en Afrique,. Ils changent au gré des coups d’Etats. Ils expriment une conception de la liberté et de l’indépendance trop en écart de la leur, etc. . . ), ou alors des préoccupations internes de remise en état de leurs échecs les obligent à douter de l’exportabilité de leurs idées et moyens d’action. Finalement il se pourrait qu’ils n’aient pas reçu les lettres et documents qui leur étaient adressés sauf en Suède. Mais en Suède on est généralement plus dogmatique à cause du long passé historique du parti social-démocrate.


En tout état de cause, je pense que notre approche du problème d’accession du Niger à la liste des pays de concentration par le canal des partis sociaux-démocrates est certainement imprudente . Elle peut réussir avec éclat mais alors il faut faire vite avant que des facteurs nouveaux ne viennent perturber la situation - comme elle peut sombrer à jamais dans les oubliettes nos prétentions d’aide directe. Une enquête plus approfondie aurait dû être menée avant l’opération. Ne restons pas sur des récriminations. Il faut donc tirer au plus tôt parti de ce qui est ensemencé. C’est une action d’intérêt permanent qu’il faut imprimer à ces rapports naissants entre le PPN RDA et les partis progressistes scandinaves. Il faut espérer que les moyens adéquats seront mis en place pour faire le siège de ces citadelles.


Près de 25 ans de pouvoir
partis ont souvent
accès l’administration,
ces partis tombent
ne perd rien


Mon scepticisme est une attitude de raison et non de sentiment. La réussite des rapports Nigero-canadien n’a rien de commun avec l’entreprise qui nous préoccupe. Comparaison n’est pas raison, M. BAULIN l’a souligné avec pertinence.


Pourquoi ?


Il répugnait fondamentalement aux pays scandinaves d’aider directement les pays du Tiers Monde. C’est du moins l’idée de départ. Cette aide allait indistinctement aux organisations internationales (CNU, FNUD, BIRD, IDA etc. . . ). Progressivement le pourcentage de l’aide bilatérale s’est accrue et avoisine présentement l’aide multilatérale. Ce glissement vers le bilatéralisme pourra-t-il servir de vecteur à notre entrée dans la liste des pays de concentration ? La conjoncture est peut-être meilleure qu’elle ne l’était il y a deux ans lors de mon passage à Oslo, Copenhague et Stockholm.


même processus qu’au Canada


Si je reste perplexe encore c’est surtout à cause du manque de soutien logique permanent de l’administration centrale. La situation financière dans laquelle est placée l’Ambassade de Bruxelles frise l’inconscience. Les crédits diminuent d’année en année, la première préoccupation de l’Ambassadeur est d’ordre comptable. "Comment tenir" tel est le leit-motiv. Tout le monde connaît le coût de la vie dans les pays scandinaves, on ne peut pas y faire des économies de bout de chandelles.


La véritable raison


J’ai expliqué à M. BAULIN les raisons de ma réserve en ajoutant que j’étais prêt cependant à exploiter la moindre chance qui se présenterait pour la réussite de l’opération pays nordique auprès desquels je suis accrédité. Mais quelle chance pourrais-je saisir dans les circonstances actuelles ? La foi dit-on soulève les montagnes mais elle n’a pas encore réussi à acheter des billets d’avion, à couvrir honnêtement des frais onéreux de déplacement, à placer les chargés de mission dans des conditions acceptables de travail fructueux. En conclusion je retiendrai ces deux remarques :
Primo : du point de vue stratégique il nous reste à adopter la politique de harcèlement. Elle reste cependant liée au point suivant.
Secundo : Du point de vue objectif à atteindre, il importe peu à mon sens d’être sur une liste de pays de concentration telle qu’elle est définie devant les différents parlements scandinaves. Si l’aide aux pays moins avancés peut servir de support à la mise en place d’un courant partant de la Scandinavie et arrivant au Niger, l’essentiel serait atteint. Peut-être nous sommes-nous hâtés d’ouvrir une porte déjà ouverte. Seules les conclusions de la Conférence de Santiago pourraient nous indiquer dans les prochains mois quelle attitude adopter à l’égard de ce problème.


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Jean POISSON

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