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N-26-007-001 - NOTES - Classeur N - Fonds d'archives Baulin

N-26-007-001

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.















LE SUCRE, L’EUROPE ET LE TIERS-MONDE

SOMMAIRE


INTRODUCTION


- PÉNURIE CONJONCTURELLE OU STRUCTURELLE ?


p. 1


- LE SUCRE DE CANNE ET LE TIERS MONDE


p. 2


a) source de revenus, de devises et d’emplois


p.2


b) un avenir incertain ?


p. 4


c) au delà d’un accord mondial


p. 5


d) le sucre denrée politique


p. 6


- LE SUCRE EN EUROPE


p. 7


a) les 12 " grands européens


p. 7


b) la triple expansion


p. 9


c) les producteurs français


p. 10


d) prix et quotas européens


p. 12


e) entre le Commonwealth et l’ Europe


p. 13


- LE MARCHÉ MONDIAL DU SUCRE


p. 16


a) Échec sur les prix à Genève


p. 17


b) CEE importateur net ou exportateur net ?


p. 17


LES BETTERAVIERS, LES AGRICULTEURS ET LE GOUVERNEMENT


p. 20


a) La Confédération Internationale des
Betteraviers Européens


p. 21


b) Les organisations agricoles à vocation générale


p. 21


c) la collusion gouvernement-betteraviers


p. 22


- LES SOCIALISTE ET LA QUESTION SUCRIÈRE


a) Pourquoi intervenir ?


( i )


b) Sur quoi intervenir ?


( i )


c) Comment intervenir ?


( ii )


- ANNEXE : Tableaux et Mémo statistique 1972-73 ( joint )


A Genève les participants à la conférence des Nations-Unies pour la négociation du nouvel accord international sur le sucre se sont séparés le 12 octobre 1973 sans avoir pu prendre aucune décision. Le nouveau calendrier de négociations qu’ils se sont fixé n’envisage la signature d’un accord que dans deux ans au plus tôt.


A Bruxelles, les représentants des neuf pays européens et de la Commission Économique européenne ne sont pas parvenus à définir une position commune à présenter à la Conférence de Genève. Ils ne sont pas parvenus non plus jusqu’à ce jour à ce jour à se mettre d’accord sur les orientations de leur politique sucrière à court et à moyen terme.


Tous les accords sucriers venant à échéance dans les mois à venir, le marché mondial du sucre pourrait alors n’être l’objet d’aucune réglementation. Ce " vacuum " pourrait favoriser un augmentation incontrôlée des production et un " dumping ". Deux phénomènes qui profiteraient bien sûr aux groupes de producteurs et de raffineurs des pays où ils sont le mieux équipés, voire même le mieux subventionnés, au détriment des autre pays moins fortunés ou moins développés.


Les socialistes ne se résignent pas à ce double échec. Ils veulent dénoncer, et ceci pour plusieurs raisons qui leurs sont propres. Ils entendent en effet,



- rendre effective les mesures préconisées dans leur programme à l’égard des pays en voie de développement,


- développer leur lutte contre les groupes économiques et financiers ( dans le cas précis les lobbies sucriers ),


- dénoncer la collusion entre le gouvernement et les betteraviers,


- affirmer leur conception de l’ Europe.


Pour ce qui ne la connaissent pas et qui se demanderaient en quoi elle peut intéresser les socialistes, rappelons quelques données fondamentales de la question sucrière mondiale en 1973 ou début de l’année 1974.


Cette note présente quelques données fondamentales de la question sucrière mondiale au début de l’année 1974. Elle permettra à ceux qui n’ont pas suivi cette question de voir pourquoi et en quoi elle intéresse les socialistes. Les personnes déjà au courant iront directement - et pour les compléter ou les critiquer - aux propositions d’action faites à la fin de ce texte sous le titre " les socialistes et la question sucrière ".


R. D.


Janvier 1974


PÉNURIE CONJONCTUREL OU STRUCTURELLES ?


La consommation de sucre est en augmentation constante depuis ces vingt dernières années ; si elle a augmenté de 35 % pendant cette période dans les pays industrialisés, elle a augmenté plus encore, 74 % dans les pays en voie de développement. Il est vrai que ces derniers consomment très peu de sucre. Le tableau ( Consommation par habitant ) publié dans le Mémo statistique joint révèle un autre aspect des disparités et injustices criantes qui existent dans le monde. Plus de 20 pays consommaient en 1972 moins de 5 kg de sucre par an et par personnes alors que la consommation des pays développés atteignait en moyenne 40 kg par an et par personne en Europe et plus de 50 kg pour les USA, l’ Australie et la Nouvelle Zélande.


Les besoins mondiaux sont estimés aujourd’hui à environ 78 millions de tonnes. Ils continueront probablement à augmenter de 30 % par an pour atteindre les 100 millions de tonnes en 1980 ou en 1983. Les statistiques concernant le sucre donnent selon les sources, des chiffres différents ; chiffres de production et de consommation par exemple. Les tableaux statistiques sont fréquemment rectifiés selon l’arrivée de données plus précises concernant les deux années précédant leur publication. La distinction doit souvent être faite entre production de sucre brut et sucre blanc.


Ces dernières années la production du sucre a augmenté moins rapidement que l’augmentation de la consommation, il donc fallu puiser dans les stocks ( voir tableau en annexe, Évolution du bilan sucrier mondial de 1960 à 73 ). Ces stocks ont atteint en 1972 / 73 le montant de 16 millions de tonnes ( environ 20 % de la production mondiale ). Ceci constitue un niveau en dessous duquel il ne serait pas prudent de descendre.


Cette pénurie est-elle conjoncturelle et donc temporaire comme tendraient à le croire certains milieux bruxellois de la CEE ? Serait-elle au contraire structurelle comme on l’affirme souvent à Paris dans les milieux producteurs européens ? L’opinion des experts diverge sur ce point.


Il ne faut pas minimiser le risque d’une pénurie possible dans les années à venir. Il ne faudrait pas pour autant que ce risque soit utilisé pour faire pression sur les gouvernements et les amener à prendre certaines décisions qui à terme, influeront les cours et les structures du marché mondial. La manipulation des données statistiques pour évaluer la conjoncture mondiale de certains produits a déjà souvent été utilisée par leurs producteurs comme par les spéculateurs professionnels. Il est possible, selon plusieurs sources d’information que la production sucrière de la campagne 1972 / 73 dépasse légèrement la consommation mondiale.


En tout cas, il semble bien indispensable qu’il y ait dans les années à venir une augmentation substantielle des productions sucrières pour faire face à la fois à l’augmentation de la consommation, à la reconstitution des stocks et l’augmentation de la population.


En ce sens, ne faudrait-il pas encourager tous les pays à produire le plus possible ? L’opposition entre le sucre de canne et le sucre de betterave n’est-elle pas aujourd’hui dépassée par la menace de pénurie sur un marché mondial où il devrait y avoir de la place pour tous ?


Encore faut-il le vouloir. ’augmentation de la production sucrière ne peut-être laissée aux hasards du marché et de la conjoncture. Elle doit être contrôlée et planifiée. En effet, l’expérience prouve que l’augmentation de la production des uns peut se faire au détriment de l’augmentation des autres, voir même les acculer à une réduction forcée.


LE SUCRE DE CANNE ET LE TIERS-MONDE


L’an dernier 56,8 % du sucre produit dans le monde provenait de la canne et 43,2 % de la betterave. Ces proportions n’ont guère varié depuis quelques vingt années. ( voir mémo statistique : Évolution de la consommation mondiale et géographie de la production sucrière mondiale ).


La betterave se cultive dans les zones tempérées de la planète et la canne dans les zones tropicales. Cette répartition géographique des productions a conduit à un certain nombre de personnes à identifier le sucre de canne avec " les pays pauvres du tiers-monde " en les opposant aux " pays riches " et aux gros betteraviers. Cette interprétation générale et généreuse semble ignorer les intérêts puissants qui existent aussi dans la production et le raffinage du sucre de canne. Cependant, cette impression est loin d’être complètement fausse. Le sucre de canne représente en effet un facteur important dans le développement et l’émancipation de beaucoup de pays du tiers-monde.


a) Source de revenus, de devises et d’emplois.


Le sucre et après le café le 2e produit agricole des pays en voie de développement rapportant à ces derniers près de 3 milliards de dollars en 1971. Les pays en voie de développement représentent 50 % du sucre produit dans le monde, 63 % des exportations mondiales. Pour quelques 45 pays en voie de développement, la canne à sucre constitue une partie importante

ou essentielle de leurs recettes en devises comme du nombre d’emplois procurés à une population qui généralement souffre du chômage. La part de la main d’oeuvre, et en conséquence le nombre d’emplois crées est extrêmement sensible selon les pays que l’on produise de la canne ou de la betterave. Il est estimé que 5 à 6 heures d’hommes par an suffisent pour produire dans certaines parties de l’ Europe 8 tonnes de sucre à l’hectare. Pour le même rendement, mais en sucre de canne il faut aux Antilles, entre 30 et 100 journées d’hommes par an.


Dans ces pays, une population de plusieurs centaines de millions de personnes vit directement du sucre de canne ou en bénéficie indirectement.


Enfin 13 des pays en voie de développement producteurs de canne sont des îles et leur caractère insulaire et tropical rend toute diversification extrêmement difficile tout au moins dans les années à venir.


Cette dépendance du sucre de canne est d’autant plus grave que les cours de ce produit ont été extrêmement instables toutes ces dernières années entraînant une spéculation qui a été bien lucrative pour certains. Par exemple les cours mondiaux du marché libre sont passés, de 8,48 cents US en 1963 à 1,86 en 1966 pour revenir à 4,52 en 1971 et 7,45 en 1972 ; comme pour plusieurs autres produits primaires le cours du suce est en forte hausse depuis quelques mois. Cette instabilité des prix prouve d’ailleurs les insuffisances de certaines clauses dans l’accord mondial sur le sucre de 1968. Il est évident qu’un certains nombre de lacunes de cet accord devront être comblées. Il n’en reste pas moins vrai qu’un accord assurant une garantie de prix, de quotas d’exportations, et de recettes, demeure une mesure absolument indispensable au développement des pays producteurs de sucre de canne.


Il y a aussi - et il ne faut pas les ignorer - quelques 30 pays en voie de développement qui ne produisent ni canne à sucre ni betterave sucrière ( au Maghreb, au Moyen-Orient, en Afrique Noire, les deux Corée, la Malaisie, Ceylan . . . . ). Ces pays importent environ 20 % du sucre disponible sur le marché mondial. Eux aussi sont victimes de l’instabilité des débouchés et des prix surtout lorsque ces derniers sont en hausse.


Les dirigeants européens des organisations betteravières évoquent souvent ces pays en voie de développement non producteurs de sucre pour justifier non seulement leur droit, mais aussi leur devoir selon certains d’entre eux, à augmenter leur production et à exporter la plus grande part.


Il ne faut certes pas oublier ces pays en voie de développement non producteur de sucre. Des pays producteurs de sucre de canne pourraient tout autant que ceux qui produisent de la betterave couvrir une partie de leurs besoins en sucre. Mais il serait possible d’envisager d’aider des pays à développer leur propre production sucrière, certains l’ont tenté déjà, beaucoup d’autres le souhaitent.


Il est toujours difficile de concilier un prix rémunérateur pour les pays producteurs et un prix supportable par certains pays en voie de développement importateurs de sucre.


Ce n’est pas pour autant qu’il faille allouer une subvention aux producteurs européens. L’on pourrait au contraire assurer un prix spécial à ces pays en voie de développement importateurs de sucre, par l’intermédiaire d’un fonds constitué à cet effet dans le cadre de l’accord mondial ou en marge de cet accord.


b) Un avenir incertain ?


Des doutes sont souvent exprimés - et surtout dans les milieux betteraviers - sur la possibilité de voir augmenter substantiellement la production du sucre de canne. Si la production de la betterave est en progrès constants, la production du sucre de canne ne progresse pas toujours aussi rapidement. Elle stagne dans certains pays. Elle est en régression dans d’autres.


L’exemple de Cuba est fréquemment cité. Non seulement la fameuse " zafra " de 1970 et le 10 millions de tonnes annoncés à grand renfort de propagande ne furent pas atteints, mais la production sucrière cubaine diminue ( 9 millions de tonnes en 1970, 6 en 1971, 4 en 1972 5,4 millions de tonnes selon les estimations pour 1973 ) ; Cuba n’est plus le premier producteur de sucre de canne du monde, le Brésil l’a dépassé en 1972 avec 5,6 millions de tonnes et 6,2 en 1973.


La canne est un produit plus fragile que la betterave. Son pourcentage en sucre diminue rapidement en un ou deux jours. Son transport rapide suppose des infra-structures qui n’existent pas toujours dans les pays producteurs. Ces derniers ne disposent pas non plus des moyens de réaliser les investissements nécessaires à la modernisation de leur production sucrière.


Cette production est encore marquée par les traces laissées par l’esclavage qui régnait sur les plantations jusqu’au siècle dernier. L’absentéisme est fréquent et atteint des pourcentages élevés même à Cuba.


Enfin et surtout, les salaires des ouvriers des plantations sont tellement bas qu’ils devront augmenter substantiellement dans les années à venir. La canne à sucre serait appelée à ne plus être compétitive dans un avenir plus ou moins proche.


M. Alain Delaunoy, président du CENAG et P.D.G. de " sucre Union ", à exprimé récemment son opinion sur l’avenir et les capacités de la canne à sucre. Une opinion qui lui est personnelle et qui e rejoint pas nécessairement celle exprimée par d’autres professionnels. Selon lui, " la canne à sucre peut surmonter sa crise actuelle, si elle investit, et si elle organise sa production. Il lui faut aussi pour cela, pendant les quatre ou cinq années à venir des garanties et de prix et de débouchés ".


Or, ce sont justement deux garanties dont ne disposaient pas les pays producteurs de sucre de canne toutes ces dernières années. Les prix du marché libre mondial n’étaient pas suffisamment rémunérateurs pour permettre d’augmenter la production et d’en dégager le financement de nouveaux investissements.


Quant aux débouchés, ni la CEE, ni les USA n’avaient signé l’accord mondial de 1968. Et la CEE c’était engagée à soutenir ses exportateurs. De son côté Cuba s’était fixé, pendant plusieurs années, des avérés trop ambitieux ont néanmoins fermé à beaucoup d’autres pays producteurs de l’ Amérique Latine, des perspectives d’expansion et d’ accès à certains marchés.


Si elles ne sont pas les seules, ces absences de garanties de prix et de débouchés ont été un facteur déterminant dans la stagnation relative de la production de certains pays. Ce sont donc ces garanties qu’il faut pouvoir leur assurer plutôt que de faire planer des doutes sur la canne à sucre ou leur recommander de diversifier leur production comme le font un peu trop lourdement certains dirigeants betteraviers français.


La flambée actuelle des prix mondiaux et les revenus extraordinaires qu’en retire certains pays en voie de développement producteurs de sucre de canne ne doit pas faire illusion. Elle ne remplace pas les garanties qu’ils réclament. dans un avenir plus ou moins proche lorsque les prix retomberont, la capacité de production de la betterave aura probablement, augmenté plus encore que celle de la canne.


Et si la production de sucre de canne venait à s’effondrer dans certains pays, alors la menace de pénurie deviendrait une réalité encore plus grave. Plusieurs experts et dirigeants d’organismes sucriers européens le reconnaissent. La betterave, ne peut en effet faire face seule à la croissance rapide de la demande de sucre sur le plan mondial.


c) Au delà des accords mondiaux


Si nécessaire que soit, pour les pays en voie de développement, la conclusion d’accords mondiaux sur les produits de base, il ne faut pas cependant ignorer qu’ils n’apportent pas de solution à tous les problèmes d’un secteur donné de la production mondiale. Pour ce qui concerne le sucre, mentionnons trois aspect :



1) La propriété des plantations de sucre de canne n’est que très rarement entre les mains des autochtones, ou elle est entre les mains de gros propriétaires du lieu, à moins qu’elle ne soit encore tout simplement la propriété de groupes sucriers ou de firmes étrangères. Quelques exemples : les surfaces sucrières appartiennent aux société par différence avec les petits planteurs dans des proportions de 50 % à l’ Ile Maurice, au Swaziland et à la Jamaïque, 40 % au Honduras, 60 % à la Réunion. La plus importante, les sucriers de Bourbon traite 43 % de la production de l’ Ile Guadeloupe environ la moitié des terres appartiennent aux usiniers.


2) Le raffinage du sucre ne s’opère que très rarement dans les pays en voie de développement ; il est encore localisé dans les pays développés .

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