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U-003-157-001 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-157-001

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  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.















LE MONDE

6 août 1977

LA CONTROVERSE SUR L’UTILISATION
A LA VEILLE DU PROCÈS DES INCULPÉS DE CREYS-MALVILLE


Tension à Bourgoin-Jallieu . De nombreuses manifestations sont annoncées .


Une certaine tension règne à Bourgoin-Jallien , ou doivent comparaître , le samedi 6 août , les douze personnes (sept Allemands , trois Française et deux Suisses ) interpellées le 31 juillet dans les heures qui ont suivi la manifestation de Greys-Malville . Des graffiti hostiles au préfet de l’Isère . M. René Jannin , ont été tracés , jeudi 4 août , sur les façades et les trottoirs de Bourgoin-Jallieu . Le même jour , dans l’après-midi , les vitrines de l’agence régionale d’information Aigles ont été bombardées de tomates par une dizaine de jeunes gens .


Les protestations et commentaires provoqués par ces arrestations , et le déroulement de la manifestation en général ne faiblissent pas. Pour les propos qu’il a tenus au moment des faits , le préfet de l’Isère se voit taxé par des ressortissants allemands de xénophobie . A Lyon , certains signataires d’une protestation émise par des habitants de Fribourg-en-Brisgau , Kassel , Lichpenhorst , Marbourg , Darmstadt et Tübingen , qui participaient à la manifestation du 31 juillet , ont été reçus , jeudi 4 août , par le consul de la République Fédérale d’Allemagne de cette ville , M. Eric Harder . Ils exigent du consulat « une protestation officielle écrite (. . .) auprès de M. le préfet de l’Isère ainsi qu’auprès du ministre de l’intérieur , en raison de la campagne de diffamation de certaines autorités françaises contre les antinucléaires allemands » . Réclamant le respect des droits fondamentaux de leurs compatriotes emprisonnés , ils demandent aussi réparation matérielle des « dégâts commis par les C.R.S. et les gardes mobiles sur les voitures et le matériel des participants allemandes » .


En Allemagne , la Fédération des comités d’action civique ouest-allemands (B.B.U.), qui affirme regrouper trois cent mille militants écologistes dans neuf cent cinquante comités locaux , a lancé un appel au gouvernement de Bonn pour qu’il « proteste contre l’Intervention brutale de la police contre les manifestants antinucléaires de Greys-Malville » .Le B.B.U. qui exprime ses condoléances à la famille de Vital Michalon , « mort au cours des manifestations de Malville dans le combat contre une technique inhumaine » , estime que les « déciarations anti-allemandes irresponsables » du préfet de l’Isère rendent nécessaire la présence d’observateurs allemands au procès de Bourgoin-Jallieu . De nombreuses manifestations doivent de la R.F.A.


De telles manifestations ont déjà commencé en France et doivent encore avoir lieu ce vendredi , à Paris , devant la gare Montparnasse , ) l’appel du Collectif de soutien aux inculpés de Greys-Malville et avec l’appui de diverses organisations d’extrême gauche , à Nantes , Rouen , Colmar , Toulouse , Genève . De Valence et Bourg-en-Bresse , notamment , sont prévus , samedi matin, des départs vers Bourgoin-Jallieu où se déroulera le procès .


Un manifestation de solidarité a déjà eu lieu , jeudi 4 août , aux abords du chantier de la future centrale de Gravelines (Nord). Une centaine de personnes ont distribué des tracts et interrompu pendant une heure le montage d’un pylône tension en s’asseyant sur sa flèche .


Enfin , les commentaires de partis et d’organisations politiques ou syndicales , d’associations de magistrats et les témoignages individuels qu’on lira ci-dessous continuent de nous parvenir .

Le récit d’une garde à vue


Le collectif national de soutien aux inculpés et aux blessés de Greys-Malville a rendu public , jeudi 4 août , le témoignage écrit de M. Jean-Claude Blacas , interpellé dimanche 31 juillet , vers 23 heures , dans une voiture circulant sur la nationale 6 et non pas sur les lieux de la manifestation , et libéré lundi 1er août à la même heure . Nous publions des extraits de ce récit d’une garde à vue à la gendarmerie de Bourgoin-Jallieu :


«  Dans une salle , on nous a dit de nous mettre a genoux , face au mur , les mains sur la tête , une personne a chaque mur ; puis on nous a dit de nous asseoir le dos eu mur , et d’attendre sans bouger . Il y avait plusieurs gendarmes , à l’entrée unique de la salle , pistolet sur la blanche , matraque au poing : de plus , un gendarme est venu avec un chien berger allemand dressé , lui a dit un truc , puis nous a dit que « son chien , qui avait faim , nous sauterait dessus ai nous bougions  » sur les menaces que nous avons subies sur le fait de bouger , je me souviens de trois (qui ont été faites pendant ces vingt-quatre heures de garde à vue) : « On tire à vue , si vous voulez vous échapper » ; « On tara boum-boum » (pu quelque chose de ce genre) ; et pour un grade à son intérieur : « Tu perdras tes grades , si tu en laisses échapper un » « Sur les réflexions des gendarmes , je n’en citerais que deux pour montrer le genre » ; « On va ta sodomiser » à Christian Fabre ; « Le chien se la ferait bien , il en a besoin , ça se voit , avec les gémissements qu’il fait » , à Thérèse Sciazamaglia .


Pour l’interrogatoire , ils m’ont demandé mon identité et surtout si j’étais disposé a répondre à leurs questions . J’ai répondu : « Je n’ai rien à déclarer dans ce cadre , je refuse de répondre à vos « questions » . J’ai lu le rapport , mais je ne l’ai pas signé . Un gradé m’a dit que je m’accusais moi-même et que le pourrais être inculpé .

« Menottes au poing »


« Bien entendu , interdiction absolue de parler avec les autres personnes en garde à vue . A la deuxième ou troisième relève des gendarmes , un petit gradé nous a dit de rester assis , le dos au mur , les jambes tendues , pieds collés côte à côte , avec les paumes des mains au soi , de telle façon qu’on ait les bras tendus au maximum et la tête relevée au maximum . Cette position provoque , au bout de quelque temps , une « tétanisations » de tous les muscles et des articulations très douloureuse . »


« Plus tard , un gendarme blessé (il avait des pansements) a dit m’avoir reconnu . Plusieurs personnes , dont Thérèse Sciazamaglia , seront ainsi accusées , « reconnues » par des gendarmes (on menacera même Christian Fabre pour qu’il reconnaisse avoir été à la manifestation). Le soir , de nouveaux arrêtés (étrangers) arriveront » .


« Puis , nous attendons la fin des vingt-quatre premières heures , les gendarmes nous disant qu’ils libéreraient et ceux qui devraient passer en l’argent délit (« Comme c’est nous qui ferons l’enquête, si tu refuses le flagrant délit , tu peux rester en prison quatre ou cinq mois » , disaient-ils ) , ils diront à Thérèse qu’elle est inculpée pour avoir été reconnue à la manifestation (allé pleurera) . Un gendarme me dira : « Toi avec ta tête de con , je me débrouillerai pour que tu en prennes pour quatre ou cinq ans , je juge donne ce qu’on lui demande comme peine . »


« Les uns après les autres (pratiquement tous les Allemands , d’abord , puis Thérèse Sclaramaglia ) seront emmenés par les gendarmes menottes aux poings . Je serai l’avant-dernier à partir . On me rendra mes affaires personnelles (avec signature dans un registre) et on me dire que je suis libéré , mais en sursis : si on me revoit à une manifestation ou si je suis arrêté : je prendrai le double de la peine qu’on va me donner en jugement ( sans que l’assiste à ce jugement ). On me dira aussi que je vais être emmené à la gare , en fourgonnette , car si le me refaisais arrêter sur le chemin par une autre brigade « ça irait très mal pour moi »


On indiquait , ce vendredi matin 5 août , à la direction de la gendarmerie et de la justice militaire que M. Blacas était invité «  à porter plainte auprès du procureur de la République pour qu’il y ait une enquête sérieuse de faire » . « S’il y a faute de la part d gendarmes , ils seront punis . S’il s’avère que M. Biacas a rédigé un témoignage dénué de tout fondement , il pourra être poursuivi pour diffamation » , a)t-on conclu à la direction de la gendarmerie .

DEUX TÉMOIGNAGES .


Apprenons la non violence


Nous avons reçu le témoignage suivant :


Ma femme et moi étions à Malville , le dimanche 31 juillet , pensant a nos enfants . Nous sommes repartis vers 15 heures , portant douloureusement en nous le sentiment d’un échec . Pourtant , de cet échec , il est possible de tirer une leçon et un espoir .


L’échec s’est confirmé pendant toute la journée : aucune coordination ! aucune direction ! aucun mot d’ordre ! Si quelqu’un avait un mégaphone , ç’aurait pu être aussi bien un policier et il n’y aurait pas eu plus de fictivement quand il se serait agi de suivre des directives . Qu’allions -nous faire ? Fraterniser ? Franchir le blocus ? Tenir un meeting ? Comment pouvait-on imaginer passer le barrage quand on savait la détermination des forces de l’ordre et alors que , dans les différentes marchés qui convergeaient vers le cul-de-sac de Faverges , si peu sans doute savaient , parmi les manifestants , qu’une action non violente vraie peut tenir en échec une action violente , de quelque côté qu’elle vienne ?


Echec parce qu’il y a eu mort d’homme et que cette mort nous en sommes aussi responsables , nous « écologlates » , qui ne savons pas prendre les moyens de notre conviction , tout autant ou presque que les hommes de l’Etat .


Parler de provocation policière , au moins jusqu’à l’assaut final , est un abus de langage qui ne permet pas de réfléchir a ce qui c’est passé . A moins que toute présence policière , partout , soit une provocation . . . ce qui , à l’heure actuelle , est un mode de pensée un peu infantile .


Si nous sommes conscients de l’importance de notre lutte qui est autant une lutte qui est autant une lutte contre une technologie plus ou moins folle que contre un Etat de plus technocratique , il est urgent de tirer des leçons de la démonstration négative de Malville .


A commencer par un principe : seule l’action non violente est capable de mener une transformation de l’Etat qui n’aille pas dans un sens aussi mauvais que l’actuel , ou pire . Or l’image de la non-violence , qui a été donnée à Faverges , est une caricature : inaction , manque de directive , manque d’imagination stratégique et tactique . Mais il faut savoir que l’attitude non violente entraîne - a priori - des risques vitaux pour ceux qui la pratiquent . Il faut y être prêt et n’en pas avoir peur de façon incontrôlée .


Vingt-cinq mille personnes sont venues , peut-être , sans casques , sans masques à gaz , mais aussi sans formation à la lutte non violente .


Entre cinq mille gendarmes ou C.R.S. et trois mille violents ( ce dernier chiffre étant peut-être exagéré ), mille non-violents , qui se seraient interposés , auraient permis d’empêcher l’épreuve de force violente , d’où qu’elle vienne . Restait a déterminer un processus de progression jusqu’à Malville si tel était le but de la marché . Le préfet Jannin aurait-il donné l’ordre de tirer sur vingt mille personnes progressant , nues , avec seulement un masques à gaz sur la bouche ? C’est une idée , il y en a d’autres .


Tirer des conclusions plutôt que des grenades offensives ou des cocktails Molotov , c’est peut-être se dire qu’il devient urgent de se former à la non-violence comme d’autres vont , paraît-il , en Palestine ou en Irlande s’entraîner a la violence . Car la non-violence doit s’apprendre : lire une carte d’état-major , prévoir les mouvements de l’adversaire , riposter par l’inattendu plutôt que par les vieilles recettes .


Alors , forts de cette neuve , potentiellement plus forte que toutes les bombes et les kommandantur , nous pouvons adhérer à l’espérance . L’espérance de réellement changer la vie , de sortir de la guerre civile mondiale dont on perçoit partout le travail de taupe .


Alors Malville qui a réuni , comme le Larzac , comme Lip , des milliers de non-violents d’un mouvements , le seul vraiment nouveau , qui nous permette de croire en un avenir possible pour l’humanité .


Tanguy Laurent .


(Prémery - Nièvre )

M. Lois Mermaz (P.S.) demande à M. Bonnet
des explications et des justifications .


Au cours de la conférence de presse qu’il a réunie le jeudi 4 août a la préfecture de Grenoble , M. Louis Mermaz , députe , président du conseil général de l’Isère et membre du secrétariat national du parti socialiste , à rendu publique la lettre qu’il vient d’envoyer à M. Christian Bonnet , ministre de l’intérieur .


«  Je vous demande , écrit notamment M. Mermaz , de bien vouloir répondre aux questions suivantes :  »


« Trouvez - vous normal que l’autorité administrative n’ait pas retenu l’idée de maintenir le contact avec la Coordination des comités Greys-Malville pendant la journée du 31 juillet , comme la proposition lui en avait été faite ?  »


« Comment expliquez-vous l’absence de toute autorité administrative sur le site où avaient lieu les manifestations , ce qui a conduit le préfet de l’Isère à reprendre et a amplifier toutes informations exactes ou erronées qui pouvaient lui parvenir à la sous-préfecture de La Tour-du-Pin où il était installé ?(...)  »


« Je vous demande quels étaient les effectifs des forces de l’ordre , de quel armement elles disposaient .  »


« Pourquoi le gouvernement et son exécutant , après les affrontements qui se déroulèrent sur les mêmes lieux entre les forces de l’ordre et une poignée de manifestantes , ont-ils donné l’ordre de charger une foule nombreuse et pacifique que se tenait rassemblée a distance sur la colline de Faverges ?  »


Pourquoi le recours systématique et massif à des armes redoutables comme les grenades offensives utilisée en grand nombre et a tir tendu , alors que les forces de l’ordre contrôlaient parfaitement la situation ?


« Que dire des perquisitions effectuées l’après-midi et dans la soirée chez des particuliers qui avaient hébergé , comme , des blessés ?  »


« Que dire des arrestations systématiques alors que le calme était revenu ? »


« Que dire des ratissages déclenchés dans la ville de Morestel , le 31 juillet au soir ?  » (...)


( Au ministre de l’intérieur un s’étonne que M. Lois Mermaz ait tendu publique sa lettre avant qu’elle ne soit parvenue à son destinataire , M. Christian Bonnet .)

QUINZE JOURS
D’EMPRISONNEMENT FERME
POUR LES AUTEURS
DE L’ATTENTAT DE FLAMANVILLE


Trois des quatre jeunes gens inculpés de destruction de matériel après l’incendie d’un bulldozer sur le site de la future centrale nucléaire de Flamanville (Manche) ( le Monde du 2 août ) ont comparu , jeudi 4 août , devant le tribunal le grande instance de Coutances (Manche) . Le quatrième inculpé , un jeune Niçois de dix-sept ans , sera jugé pour enfants .


Didier Mesnil-Leteiller , âgé de vingt et un ans , chauffagiste à Paris , Joël Mauger , âge de dix-neuf ans , chômeur , domicilié à Pierrepont-en-Contentin (Manche) et Gilles Gras , âge de dix-neuf ans , étudiant à Palaiseau (Essonne ) ont été condamnés chacun à six mois d’emprisonnement dont quinze jours ferme , assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans et de l’obligation de verser 42 000 francs de dommages et intérêts à l’entreprise Lasnon , propriétaire du matériel détruit .

LES MINUTES
OUI ONT SUIVI LA MORT
DE VITAL MICHALON


(De notre correspondant
régional .)


Lyon . - Le corps de Vital Michalon a été découvert derrière une hale , au bas d’un pré en déclivité , a environ 230 mètres de la petite route qui relle . Le Bayard à Méplieu , ligne sur laquelle se trouvaient , depuis le matin , les forces de l’ordre ( des gendarmes mobiles ), tenant à distance les manifestants les plus violents . Mais , au moment où nous avons la première fois , vers 14 h . 15 , les forces de police avaient reçu l’ordre de faire mouvement pour « reconquérir » la colline surplombant le village de Faverges et repousser les milliers de manifestant qui y stationnaient . Des unités de gendarmes mobiles et de C.R.S. étaient donne soit à la hauteur de la victime - à une trentaine de mètres - soit l’avaient dépassée .


Le docteur Loïe Batalan et nue infirmière , alertés par les manifestants , étaient penchés sur le corps . « J’ai sorti mon stéthoscope pour l’examiner , mais , à ce moment , des tombées sur notre petit groupe de secouristes » , nous a déclaré le médecin . Nous avons vu effectivement ces grenades tirées latéralement par des C.R.S. Il est vrai que ceux-ci pouvaient apercevoir encore quelques manifestants , armés de bâtons , évoluant dans le pré ou gisait Vital Michalon . Depuis combien de temps ce dernier avait-il été mortellement frappé ? Environ deux ou trois minutes , selon le médecin : « Son visage commençait à se cyanoser » . Pour s’éloigner du nuage de gaz toxique , les secouristes assistés par deux ou trois autres personnes , dont deux jeunes manifestants , saisirent la victime par les membres et ses vêtements et la transportèrent sous nos yeux à une quarantaine de mètres . Là où furent commencés réellement les premiers soins d’urgence .


Bernard Elie.

En Allemagne fédérale


Un « moratoire » pour la construction de centrales nucléaires ?


Bonn. (A.F.P. ). - M. Hans Matthoefer , ministre fédéral de la recherche scientifique s’est déclaré convaincu , jeudi 4 août , à Bonn , qui son pays s’orientait vers un arrêt pendant plusieurs années -trois à cinq ans - de la construction de centrales nucléaires .


Le ministre a indiqué que des motions en ce sens avaient déjà été adoptées par certaines commissions du parti libéral (F.D.P.), par plusieurs fédérations régionales du parti social-démocrate (S.P.D.), et par la Confédération des syndicats (D.G.B.). Les congrès du S.P.D. et du F.D.P., prévus pour le mois d’octobre , prendront sûrement des résolutions en sens , a-t-il ajouté , et il sera au gouvernement d’ignorer la volonté de ces partis.


Le « moratoire » qui pourrait être ainsi décidé resterait valable jusqu’à moment où les premiers autorisations de construire le centre de retraitement des déchets radioactifs en Basse-Saxe , a Gorleben , auront été accordées , ce qui nécessiterait un délai pouvant atteindre cinq ans . Dans ces conditions , le gouvernements serait amené à prendre des mesures pour économiser l’énergie et développer d’autres sources de production.


(La déclaration de M. Mattoefer a été accueillie avec intérêt à Bonne , car elle représente une inflexion assez nette de la politique suivie jusqu’à présent par son gouvernement et le ministre lui-même , partisan plutôt ferme de l’utilisation de l’énergie nucléaire . Le cabinet de Bonn semblait penser encore récemment qu’il lui serait possible d’accorder de nouvelles autorisations pour la construction de centrales nucléaires au début de l’année prochaine . A la fin du mois de juin , M. Matthoefer avait explique que le souci de conserver des emplois pouvait amener , dans certains , le gouvernement à passer outre à des motions de congrès de partis . La prise de position du ministre de la recherche scientifique contraste d’autre part avec celle de son collègue , M. Friderichs , ministre de l’économie , lequel avait estimé , en début de semaine , que la construction de centrales nucléaires ne devrait pas être retardée si la R.F.A. ne voulait pas se trouver au milieu des années sa devant une crise d’énergie.)


Le secrétariat national de la Fédération des républicaines de progrès (gaulliste d’opposition ) estime , dans une déclaration publiée mercredi 3 août : << Si les derniers affrontements de Greys-Malville ont mis en évidence les ambiguïtés dans l’action des écologistes antinucléaires , ils ont néanmoins révélé l’aspect policier de la société moderne que ces derniers avaient dénoncé par avance . Refusant tout débat , tout dialogue sur l’avenir de notre politique énergétique , le pouvoir démontre par la sa volonté antidémocratique. (...)


Le Syndicat de la magistrature , « sans préjuger les décisions qui seront prises à l’audience de flagrant délit du 6 août à Bourgoin , constate qu’encore une fois a été utilisé l’article 314 du code pénal , dit « loi anti-casseurs » , qui a introduit en droit français une véritable responsabilité collective plus proche de la « décimation » que des principes judiciaires ; qu’ainsi l’utilisation de loi anti-casseurs , alors que le droit français permet , par exemple , de réprimer , a condition que soit établie une responsabilité personnelle , la rébellion , l’outrage , la violence à agents de la force publique , permet de suspect une volonté de trouver à tout prix des coupables et d’opérer un choix parmi les personnes poursuivies . »


Lutte ouvrière déclare qu’elle s’associe à la manifestation
« lancée par le comité Malville de Paris » , vendredi 5 août , a 18 heures , devant la gare Montparnasse , et affirme « sa solidarité avec tous ceux qui , indignés par l’attitude des pouvoirs publics et des forces de l’ordre exigent la libération des manifestants emprisonnés à la suite de la manifestation à Malville , le dimanche dernier .  »


Le parti communisme révolutionnaire marxiste-léniniste (P.C.R.) « condamne énergiquement la répression policière brutale » et « dénonce l’incroyable compagne xénophobe » ainsi que « les arrestations arbitraires toutes opérées plusieurs heures après les affrontements » . Le P.C.R. « réclame l’arrêt des poursuites et la libération des emprisonnés .  »

LES COMITÉS DE SOUTIEN
AUX MANIFESTANTS INCARCÉRÉS
SUCCÈDENT
AUX COMITÉS MALVILLE.


Alors que la Coordination des comités Malville - qui avait appelé à la manifestation de Greys-Malville dimanche 31 juillet - s’est dissoute mercredi 3 août , plusieurs collectifs ont pris sa succession dans le but de soutien a ainsi réuni une conférence de presse , jeudi 4 août à Paris , de même que le comité de sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (C.S.F.R.), le comité de soutien aux inculpés de Greys-Malville , l’organisation communiste des travailleurs et le P.S.U., à Strasbourg . Un comité s’est également créé à Lion .


Ils entendent au premier chef établir «  la vérité sur le déroulement de la manifestation et le comportement des forces de police et de gendarmerie  » , en centralisant le plus grand nombre possible de témoignages . D’ores et déjà , le comité de Paris conteste les interpellations des douze manifestants qui seront jugés samedi 6 août à Bourgouin-Jallen (Isère) , celles-ci ayant eu lieu plusieurs heures après les événements et les forces de police s’étant « toujours trouvées à au moins 100 mètres des manifestants  ». D’autres part , les témoignages écrits de MM. Jean-Claude Blacas , Seissber et J.-C. Janus , interpellés et gardes à vue vingt-quatre heures à Bourgoin-Jallien , dans des conditions très peu conformes à la règle , ont été recueillis (voir d’autre part).


Les comités de Paris et de Lyon demandent « la démission et l’inculpation  » du préfet de l’Isère , M. René Jannin , et l’Interdiction pour les forces de gendarmerie , d’user de grenades offensives .















LE MONDE

6 août 1977

DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE
M. Brice Lalonde appelle l’Italie
à « ne pas cautionner la construction du Super-Phénix »


De notre correspondant


Rome . - Les mouvements écologiques de plusieurs pays du Marché commun envisagent de présenter une liste aux élections européennes de 1978 . L’annonce de ce projet a été faite à Rome , le jeudi 4 août , par M. Brice Lalonde , animateur du mouvement français les Amis de la Terre , au cours d’une conférence de presse organisée par le parti radical Italien (libertaire).


M. Lalonde a franchi les Alpes au lendemain des événements de Greys-Malville , pour « resserrer les rapportsentre les militants  » et favoriser « une alternative européenne  » à la politique nucléaire . Il voulait également attirer l’attention des Italiens sur le fait suivant : leur pays , qui doit financer un tiers du projet de Malville , « est tenu totalement à l’écart de ce qui pourrait favoriser sa technologie  »


M. Lalonde s’appuie à ce propos sur des « documents cambrioles dans les sociétés qui font Super-Phénix - seul moyen , selon lui , de se tenir au courant , puisque , en France , on n’a pas d’information  » . En donnant « un chèque en blanc au gouvernement français , l’Italie couvre et cautionne la manière dont celui-ci veut imposer Super-Phénix à la population qui n’en veut pas  ». M. Lalonde et ses amis estiment que la péninsule «  a encore la chance de pouvoir choisir  ». Il souhaite donc «  lui éviter les déboires que nous allons connaître en France  ».


Celui qui fut candidat aux élections municipales de Paris a précisé que son mouvement n’était pas hostile au référendum proposé par M. François Mitterrand . Cette hypothèse lui paraît être «  à la dimension du problème  ». Il a précisé toutefois que les écologistes se heurtaient « presque autant à l’opposition qu’a la majorité . Pour eux , la cible la plus importante est le nucléaire , qui est dangereux , inutile , et nous empêche de faire autre chose  ». M. Lalonde ajoute : «  Malville , c’est l’irréparable , le choix du nucléaire exclusif , avec des contraintes draconiennes et des risques incalculables ; c’est aussi une lutte entre différents impérialismes , le gouvernement français ayant notamment la volonté de s’affirmer aux Etats-Unis .  »


L’animateur des Amis de la Terre est entièrement approuvé par le parti radical italien . Cette formation politique , qui compte quatre dépités à la Chambre (sur six cent trente ), vient de prendre la tête du mouvement écologique local , après s’être battu pour le divorce et la légalisation des drogues légères , pour l’avortement , contre la discipline militaire et le concordat . Elle a soutenu , ces derniers semaines , la création d’une « ligue nationale » dont le but immédiat est d’imposer au Parlement un débat sur l’énergie .


« La France est beaucoup plus avancée que nous , remarque l’un des responsables de cette ligue . En Italie , la lutte contre le nucléaire a commencé il y a huit mois , à l’initiative de la population de deux zones ou l’on envisage d’installer des centrales  ». Marco Pannella , leader du parti radical , précise , pour sa part , que six parlementaire socialistes ou socio-démocrates ont adhéré au mouvement et qu’une douzaine d’autres seraient prêts à le faire . Il accuse le gouvernement Italien de refuser le débat et reproche aux forces politique traditionnelles - notamment au parti communiste - de n’avoir rien fait pour l’y pousser .


« Feu vert » du P.C.I.
et des syndicats .


Le retard des Italiens en matière d’écologie pourrait être vite rattrapé . Déjà la population est très sensible à la pollution industrielle . C’est surtout vrai depuis la catastrophe de Seveso , en juillet 1976. Entre -temps , plusieurs « petits Sevesos » ont éclaté ici ou là , sans compter l’inquiétante noyade des bidons de plomb de tétraéthyle dans le canal d’Otrante , heureusement récupérés .


Pour ce qui concerne l’énergie nucléaire , on a assiste a quelques manifestations ces derniers mois . Elles ne semblent pas avoir ébranlé les responsables politique nationaux . Le gouvernement est décidé a poursuivre son programme avec l’appui financier des États-Unis . Trois centrales électro-nucléaires fonctionnent déjà : une quatrième est en construction et huit autres sont envisagées . Le parti communiste a donné son « feu vert » et , malgré quelques hésitations , les syndicats viennent de l’imiter .


Reste à trouver les sites , car les communes côtières ne tiennent nullement à voir fuir les touristes qui les font vivre . Le ministre de L’industries a lancé récemment un ultimatum aux autorités régionales : « Si vous ne prenez pas rapidement des décisions , Rome le fera à votre place .  »


ROBERT SOLÉ .

Paris souhaiterait que L’U.R.S.S. participé
aux « discussions techniques » souhaitées par Washington .


(Suite de la premiers page .)


A la fin de 1975 , un échange de lettre concrétise l’accord conclu entre les membres de ce qu’on appelle désormais le Club de Londres : il prévoit d’importantes restrictions sur les ventes de technologie nucléaires « sensible » , en particulier concernant les usines d’enrichissement et de retraitement des combustibles .


Mais on ne devait pas en rester là : alors que le Club de Londres s’élargissait (il compte , désormais , une quinzaine de pays ), les États-Unis repartaient à l’offensive , en dénonçant violemment les ventes d’installations « sensibles » par la France et la R.F.A. , respectivement au Pakistan (usine de retraitement) et au Brésil (installations de retraitement et d’enrichissement ). En 1976 , la lutte contre la prolifération revient comme un leitmotiv dans les déclarations des deux candidats à la Maison Blanche .


En avril dernier , enfin M. Jimmy Carter annonce sa décision de reporter sine die le retraitement des combustibles irradiés américains , et de différer le passage au stade commercial du programme américain de surrégénérateurs : ce type de réacteurs utilise en effet comme combustible du plutonium extrait , grâce au retraitement , des combustibles usés . Le président américain ne cache pas sa volonté d’amener le maximum de pays à suivre son « bon exemple  » .


Telle n’est pas l’intention des principales nations concernées : aujourd’hui appuyés officiellement par des organismes internationaux comme l’O.C.D.E. et la C.E.E., la France , la R.F.A. et le Japon , en particulier , font valoir que le recours au surrégénérateur , et donc au retraitement , est pour eux une nécessité vitale .


C’est dans ce climat quelque peu tendu que le président américain lancé en mai dernier à Londres - au lendemain de l’annonce de la mise au point par la France d’un procédé « non proliférant » d’enrichissement de l’uranium - l’idée d’un « programme international d’évaluation du cycle de combustible nucléaire  » . Ce programme aurait pour but de déterminer si le recours à certains techniques , à certains procédés , permettrait de concilier le développement de l’énergie nucléaire , que réclament de plus en plus vigoureusement les pays en croissance , et les objectifs de non-prolifération .


D’un caractère nécessairement plus technique que politique , du moins au départ , les discussions pourraient porter sur un certain nombre d’idées plus ou moins nouvelles . Parmi celles-ci , on peut citer le remplacement de l’uranium 233 , moins facilement utilisable comme explosif . Certains experts , et c’est notamment la position française , jugent cependant que ce serait folie de vouloir développer aujourd’hui une « nouvelle » industrie nucléaire .


On peut aussi penser que des voles moins « révolutionnaires » seront explorées : parmi celles-ci , l’idée lancée par l’Agence de Vienne il y a plus de deux ans , et qui avait été reprise par M. Henry Kissinger , de centres multinationaux de retraitement ; ou encore la recherche de procédés de retraitement nouveaux , qui , par exemple , ne sépareraient pas , par exemple , ne sépareraient pas l’uranium du plutonium (les Américains travaillent activement sur cette question avec les Japonaise dans l’optique d’une transformation de l’installation de retraitement que la France a construite à Tokaï-Mura ). Si le développement des surrégénérateurs est inévitable - ce que pensent d’ailleurs les producteurs d’électricité américains , qui ne se privent pas de la faire savoir - il y a fort à parler que des mesures seront prises à cet égard : à l’heure actuelle , si la France retraite du combustible pour un pays étranger , il est entendu que le plutonium extrait ne retournera dans son pays d’origine que sous la formé élaborée de combustible neuf : pourquoi disent certains , ne pas irradier légèrement ce combustible , pour rendre encore plus difficile le détournement du plutonium ?


Les experts des sept pays du « sommet de Londres » - France , Etats-Unis , Grande-Bretagne , Allemande fédérale , Japon , Canada et Italie - s’étaient réunis une premières fois à Paris dans la premières quinzaine de juin : la France et la R.F.A. avaient été « deçues » , notamment , semble-t-il , du fait d’une nouvelle offensive américaine contre leurs livraisons d’installation de retraitement . La deuxième réunion , les 17 et 28 juillet , a donné , selon le communiqué du Conseil français de politique nucléaire , des «  résultats positifs  » .


Un support technique .


Ces « résultats positifs » pourraient s’expliquer partiellement : M. Giscard d’Estaing , lors de sa visite à Pierrelatte , le 29 juillet , a indiqué que des pays « importants » avaient manifesté leur intérêts . Les Etats-Unis et le Canada , en tête de la lutte contre la prolifération , ainsi que l’Australie , qui hésite encore à ouvrir à l’exportation ses importantes mines d’uranium , pourraient être de ceux-là .


Le nouveau procédé français , en effet , trouverait bien dans ce programme international d’évaluation une caution qui lui fait encore défaut : sous réserve que sa rentabilité économique soit démontrée - ce qui reste à faire - il est évident qu’une installation de ce type , non susceptible d’être détournée de son utilisation civile , pourrait être , du point de vue de la non-prolifération , éminemment « exportable » avec seulement un contrôle léger .


XAVIER WEEGER.

M.CARIGNON (R.P.R.) : on
veut ruiner l’économie française .


M. Alain Carignon , conseiller général de Grenoble et membre du comité central du R.P.R., dénonce « l’action qui se développe insidieusement dans le pays , destinée , sous prétexte d’écologie , à ruiner les chances de l’économie française  » Dans une déclaration remise jeudi 4 août à l’A.F.P. au nom du R.P.R. M. Carignon affirme que , à Greys-Malville , «  les partisans du démontrer le véritable but de leur action , qui vise , en toutes circonstances , a ruiner l’autorité de l’Etat républicain , à discréditer ses représentants , à faire pression sur la justice et l’opinion en travestissant les faits et en mentant effrontément  ».

Le communiqué officiel


Au terme de la réunion , le jeudi 4 août , du conseil de politiques nucléaire extérieure, le communiqué suivant a été publié à l’Elysée :


«  Le conseil de politique nucléaire extérieure a tenu , le 4 août 1977 à 10 heures , sa sixième séance . A cette occasion , le président de la République a réaffirmé les grands principes de la politique nucléaire de la France , qui sont l’indépendance , la sécurité et la responsabilité . »


« Le conseil a fait le point sur les discussions internationales en cours dans le domaine nucléaire , concernant les perspectives du développement de l’énergie nucléaire , et les problèmes lies aux risques de prolifération des armements nucléaires.  »


«  Il a confirmé que la France est disposée à répondre aux préoccupations des pays dont le développement nécessite le recours à l’énergie nucléaire , tout en assumant complètement ses responsabilités face aux risques de prolifération des armements nucléaires . »


«  La France entend contribuer à la recherche d’un équilibre satisfaisant du marché énergétique mondial , qui ne saurait être obtenu sans une croissance rapide des énergies de substitution au pétrole . Mais la France a également la volonté d’éviter la prolifération des armements nucléaires . »


« Dans cet esprit et compte tenu des résultats positifs obtenus par la réunion préparatoire qui s’est tenue à Paris , la France envisage favorablement sa participation au programme international d’évaluation , sous réserve d’échanges de vues complémentaires portant notamment sur l’organisation des travaux et la participation d’autres pays . Il doit être entendu que , pendant la réalisation de cette étude , il ne devra être pris aucune décision susceptible d’affecter les programmes nucléaires nationaux en cours .  »


« Le conseil de politique nucléaire extérieure a passé en revue la situation et les perspectives du marché mondial des centrales d’électricité nucléaire et des services nécessaires à leur fonctionnement . Il a dressé un bilan , pays par pays , des perspectives ouvertes aux exportations françaises et s’est félicité des actions de coopération engagées . Il a noté les remarquables efforts accomplis par l’industrie française pour affronter dans de bonnes conditions la compétition internationale et démontrés par les premiers résultats obtenus à l’exportation .  »


« Le président de la République a rappelé au conseil l’importance de la réalisation du programme électronucléaire pour la sécurité et l’indépendance des approvisionnements énergétique de la France. »



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