fois que je prends une initiative, ajoute-t-il, je me demande si je ne trahis pas le Vieux. » Puis, songeur : « Comment les militaires arriveront-ils à se débrouiller ? » Il précisera sa pensée en disant : « Distribuer des vivres avec efficacité, ce n’est pas une politique, ni du développement. »
Il m’interroge sur ma position vis-à-vis du régime. Je la lui explique sans la moindre ambiguïté : ou bien les militaires me permettent de rencontrer le Président, et celui-ci me donne le feu vert, ou bien je m’en vais. « Je comprends », murmure-t-il.
Je lui pose la question que je poserai à tout le monde : Maitouraré ? « Il n’était pas au courant du coup », répond-il. « D’ailleurs, il perd du terrain chaque jour. »
Je passe chez les Canadiens. Le représentant de l’ACDI se lamente. « C’en est fini de la mise sur pied d’un programme de 40 millions de dollars en cinq ans. Maintenant, on ne pourra même pas en consommer la moitié. » Sa crainte ? « Qu’Ottawa considère dorénavant le Niger comme n’importe quel autre pays du Sahel. »
Ailleurs, on me signale que les militaires font preuve d’arrogance. Au Q.G. de la Route de l’Unité, on m’informe que le lieutenant Tanja, commandant des conscrits nigériens travaillant sur ce projet canadien, a changé de comportement : cette fois, avant de repartir pour Gouré, il est passé rafler quatre bouteilles de whisky... [7]
Je fais un saut chez un troisième ami canadien. « La distribution des vivres doit laisser à désirer, me dit-il, puisqu’on a demandé un général canadien pour la logistique. »
Un jeune Nigérien ami vient me voir, sans complexe, à l’hôtel. Les causes du coup ? L’uranium, certes, mais aussi la Libye et ses prétentions. « Les gens, raconte-t-il, y compris les officiers et surtout Kountché, ont très mal réagi à la désinvolture dont Kadhafi a fait preuve lors de sa visite au Président en mars dernier : il est arrivé avec quatre heures de retard à Niamey, deux à Maradi, etc. tandis que la foule et les militaires l’attendaient sous un soleil de plomb. Kountché aurait dit alors : “Il est inadmissible qu’un gosse, parce qu’il est riche, nous traite de la sorte.” »
Un autre, jadis très proche du Président, critique la confiance aveugle de ce dernier pour Sani. Pour m’en convaincre _l’Afrique ne perdant jamais ses droits_, il me cite l’affaire
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