la mise en valeur économique de la région Nord, ils exigent une large décentralisation ... Leurs calculs risquent d’être déçus car, dans une telle perspective, de nombreuses nouvelles régions - on parle de dix-huit - ne manqueraient pas d’être créées : or, les ressources pétrolières connues se trouvent précisément dans une zone non Ibo, dont les habitants souhaitent la transformation en région autonome : l’Ogoja-Calabar » [8].
On se trouve donc, une fois de plus, devant le schéma « nationaliste » classique : l’État le mieux pourvu - ou croyant pouvoir devenir le mieux pourvu - se refuse à financer les autres parties, moins riches,
d’un même ensemble fédéral. Tout comme la Côte d’Ivoire au sein de l’ex- A.O.F.
Les préparatifs de la sécession sont déjà bien avancés. Au début du mois d’octobre 1966, un avion transportant des armes fait un atterrissage forcé à Garoua, dans le nord du Cameroun : la cargaison de l’avion devait être livrée, selon le président camerounais, « à un certain gouvernement populaire nigérian et non au gouvernement du lieutenant-colonel Gowon ». Parmi les documents, on avait trouvé également le plan et les indications d’approche d’un aérodrome situé près d’Enugu.
Le 13 mars 1967, L. Ojukwu parle de faire sécession si l’Est était l’objet d’une agression ou si un blocus économique était décrété contre lui. Mais cette agression du gouvernement fédéral devient progressivement inéluctable puisque Lagos accuse M. Ojukwu d’avoir « violé la Constitution... en percevant les dividendes de sociétés dont le gouvernement fédéral est actionnaire, en préparant une action militaire, en interdisant l’accès du Nigeria oriental à deux quotidiens de Lagos, en se retirant du Fonds de prévoyance, en détenant le tiers du matériel roulant des chemins de fer nigériens, en décrétant l’embargo sur l’essence et le charbon destinés au nord du pays » [9].
Le caractère essentiellement économique, « nationaliste », du différend apparaît encore plus clairement dans le Livre Blanc publié par les soins des services de M. Ojukwu. « Le Nigeria Oriental, y est-il écrit, n’acceptera aucun arrangement fiscal qui ne permettrait pas à chaque région de contrôler ses propres ressources ». Déjà, en mars

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